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Joan MacLeod

Lauréate, 2011

Image : Nom, Titre, Description

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2011 Lauréate

Les pièces de Joan MacLeod comprennent Jewel, Toronto, Mississippi, Amigo’s Blue Guitar, The Hope Slide, Little Sister, 2000, The Shape of A Girl, Homechild et Another Home Invasion. Ses œuvres ont été traduites en huit langues et elle s’est vu décerner de nombreux prix : le prix Chalmers (à deux reprises), le prix du Gouverneur général, le prix Betty Mitchell, le prix Dora Mavor Moore et le prix Jessie Richardson. Elle a été dramaturge en résidence au Tarragon Theatre de Toronto durant sept ans. Joan MacLeod écrit également de la poésie, de la prose et des textes pour la télévision. Depuis 2004, elle est professeure agrégée au département de littérature de l’Université de Victoria. La production du Tarragon Theatre Another Home Invasion est actuellement en tournée nationale. La pièce The Shape of a Girl sera également en tournée avec le théâtre Green Thumb cette année. Elle a été produite continuellement depuis sa première représentation, en 2001.

Discours d’acceptation

Merci, Dr Siminovitch. Merci à la famille Siminovitch et aux fondateurs de ce merveilleux prix marquant. Je tiens à remercier BMO Groupe financier, commanditaire de ce prix et organisateur de cette soirée; de toute évidence, vous avez oublié ma très courte carrière de sympathique, quoiqu’incompétente, réceptionniste en 1977, à votre succursale de Whitehorse.

C’est pour moi un très grand honneur d’avoir été choisie pour recevoir le prix de cette année, mais aussi de revenir à cette ville que j’aime, où je suis devenue dramaturge. Je profite de l’occasion pour remercier tous les gens qui ont rendu ce prix possible, ainsi que ma grande communauté sans frontières, qui s’étend jusqu’à l’île de Vancouver. Je remercie aussi les membres du jury : Yvette Nolan, Carole Fréchette, Craig Holzschuh, Scott Burke, Vanessa Porteous, ainsi que leur présidente, Maureen Labonté. Merci pour votre travail. Les finalistes que vous avez choisis sont des artistes formidables. J’ai la chance d’entretenir des liens étroits avec les membres de plusieurs théâtres partout au Canada, des théâtres fabuleux auxquels je vais fréquemment. L’ATP, le Belfry, l’Arts Club, le Vancouver Playhouse, le Green Thumb, et j’en passe. Je ne suis toutefois pas surprise que cette nomination provienne du Tarragon. Même si je vis à des milliers de kilomètres de ce théâtre, cet endroit demeurera toujours mon chez-moi. Merci à Richard Rose. J’espère que nous travaillerons ensemble encore et encore. Je remercie aussi mes chers amis qui ont envoyé des lettres pour favoriser ma nomination, et spécialement mon ancienne élève, la dramaturge Sally Stubbs, dont la présence, ici ce soir, me fait grand plaisir.

J’ai toujours voulu devenir écrivaine. Mes parents, à Noël et pour mes anniversaires, me donnaient en cadeau des feuilles lignées et des tonnes de cahiers. J’ai survécu au secondaire, comme plusieurs autres d’ailleurs, en composant une foule de poèmes lamentables, en lisant abondamment et en écoutant autant de Joni Mitchell qu’il était humainement possible de le faire. Merci, Joni Mitchell. Merci aussi à Margaret Laurence et à Alice Munro. Elles m’ont fait découvrir à la grande écriture et m’ont permis de passer à travers l’adolescence avec leur splendide soutien. J’ai étudié la création littéraire à l’UVIC et à l’UBC, où j’ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs. Mes premières œuvres publiées ont été des poèmes et je suis allée au Banff Centre en tant que poète au milieu des années 1980. C’est à cet endroit que deux événements marquants se sont produits.

Un jour, j’ai demandé à une actrice de la Playwright Colony du Banff Centre si elle pouvait lire un de mes poèmes à une lecture publique. Pour la première fois, j’ai regardé, assise parmi les spectateurs, une actrice donner corps à mon texte et en faire quelque chose de magnifique. J’étais ébahie. J’ignorais, avant ce jour, que les comédiens faisaient cela au quotidien, que leur travail était de faire bien paraître les écrivains. Le deuxième événement marquant a eu lieu au salon du troisième étage du Lloyd Hall. C’est là qu’Alan Williams, brillant monologueur, nous a interprété The Cockroach Triology lors d’une soirée neigeuse et magique de juin J’approchais la trentaine et je n’étais allée au théâtre que deux fois dans ma vie. L’interprétation d’Alan m’a donc aidée à y voir clair : je devais devenir dramaturge. Moins d’un an plus tard je vivais à Toronto et faisait partie de l’équipe de dramaturges du Tarragon.

J’ai eu beaucoup de chance, je suppose… Toutefois, je suis persuadée que je ne serais pas ici ce soir si je n’étais pas allée au Banff Centre, et s’il n’y avait pas de subventions pour les endroits comme celui-là. Le Banff Centre existe parce que les gouvernements, les entreprises et les gens, comme la plupart d’entre vous dans cette salle, apprécient l’art et savent que la création d’œuvres artistiques a parfois besoin d’un coup de main. Aujourd’hui, vingt-cinq ans après cette soirée neigeuse de juin, j’ai à mon actif dix pièces et un livret à ma carrière, dont une grande partie des scénarios a été écrite au Banff Centre, et la plupart des œuvres à la Playwrights Colony. Je vous remercie… je vous suis très reconnaissante d’être devenue une artiste troqueuse de styles. Sachez que je suis incapable d’écrire une pièce si je ne peux pas, à un certain moment, prendre le temps de regarder par la fenêtre et d’échanger un regard avec la nature.

J’ai découvert le théâtre au Banff Centre, mais je suis allée à une école de théâtre, ou du moins ce qui en est une pour moi : le Tarragon. C’est au sein de l’équipe de dramaturges que j’ai écrit ma première vraie pièce. J’allais à toutes les lectures, répétitions générales et soirées d’ouverture des pièces présentées au Tarragon. J’allais aussi à tous les « payez ce que vous pouvez » en ville. Je vivais de théâtre. J’ai alors commencé à comprendre le rôle des directeurs, concepteurs et acteurs, mais aussi à comprendre que nous faisions partie de la même équipe, que le scénario n’était que le début d’une œuvre. Un après-midi de décembre, alors que je venais tout juste de terminer le premier acte de ma pièce Toronto-Mississippi, le directeur artistique, Urjo Kareda, qui à l’époque m’effrayait un peu, m’a convoquée à son bureau. Il m’a dit qu’il voulait inaugurer la prochaine saison avec ma nouvelle pièce. Par la suite, il m’a dit qu’il trouverait de l’aide financière pour me permettre de me consacrer entièrement à la rédaction de pièces et il m’a même offert un poste en résidence dans son théâtre. J’y suis restée pendant sept ans et c’est durant cette période, dans ce théâtre, qu’ont été présentées les premières de quatre de mes œuvres. Urjo et moi sommes devenus très bons amis et je me suis aussi liée d’amitié avec les membres de sa famille. Sans aucun doute, Urjo est mon plus grand mentor. Merci Urjo.

Au cours de ces années, j’ai rencontré des gens extraordinaires et travaillé avec des personnes exceptionnelles. Je leur dois ma présence ici, ce soir. Plusieurs amitiés durables en sont nées. Je pense à vous, mes chers Don Hannah, Ken Garnhum, Leslie Toy et Alan Williams, mais aussi Bill Gaston… nous échangeons nos ébauches depuis maintenant 30 ans. Je n’oublie pas non plus nombre d’entre vous qui vous trouvez dans la salle ce soir, ou sur la route pour le travail, ou à la maison en Colombie-Britannique; vous vous reconnaîtrez. Le prix de cette année sert aussi à souligner les œuvres qui ont été produites au cours des dix dernières années. Pour cette raison, je tiens à féliciter les fabuleuses Jenny, Jenny Young et Jenny Patterson, pour Shape of a Girl; le talentueux Nicola Lipman, pour Another Home Invasion; et l’alliance ATP-Green Thumb-Tarragon qui a permis à ces merveilleuses productions de voir le jour. Je remercie l’équipe de Canstage, où est née la pièce Homechild, avec sa distribution fantastique dirigée par Martha Henry, et sous l’insistance d’Iris Turcott – Iris qui a d’ailleurs contribué énormément au scénario.

L’année dernière, que j’avais prise comme année sabbatique, Daniel MacIvor, dernier dramaturge à part Ronnie à recevoir le prix Siminovitch, était de passage à Victoria pour le travail. Pendant deux mois, chaque matin, nous avons promené nos chiens ensemble, des heures durant parfois. Nous avons appris à nous connaître à nouveau et nous sommes liés d’amitié, lien qui persiste même après que mon chien ait attaqué le sien pour une simple carotte. Et Daniel m’a parlé du prix Siminovitch, de cette cérémonie et de tout que ce cela représentait pour lui. J’étais si heureuse pour Danny, mais je l’enviais terriblement aussi, bien sûr. Je crois qu’il est important de reconnaître qu’il y a de merveilleux écrivains partout au pays, des âmes créatrices et travaillantes qui, malgré la richesse de leur œuvre, passent souvent inaperçues. J’ai beaucoup de chance d’être ici en ce moment. Pour revenir à Daniel, je sais qu’il a dit, dans son discours, que le théâtre était comme une famille, et il a entièrement raison. Ce ne sont pas tous les écrivains qui cherchent la communauté, mais moi, oui. Je l’ai trouvée quand j’ai découvert le théâtre, j’ai trouvé une famille.

Bon. Permettez-moi de vous parler de ma famille proche. Mes parents, Fred et Muriel Macleod, ont grandi sur des fermes voisines du comté de Glengarry, dans l’est de l’Ontario. Ils se sont mariés et ont eu des enfants sur le tard, tout comme moi. Ma mère est allée à l’école publique et a enseigné dans des écoles de campagne en Ontario, à l’âge de dix-sept ans, puis à Vancouver Nord, où mes parents nous ont élevés, mon frère Doug et moi. Ma mère était si fière d’être enseignante. Il lui aurait fait tellement plaisir de savoir que le prix de ce soir porte le nom du Dr Siminovitch, qui est non seulement un scientifique de renom, mais aussi un enseignant et un mentor remarquable. Mon père, lui, travaillait pour la poste. Il était aussi un brillant conteur, et tellement drôle. Il envoyait au Readers Digest des blagues beaucoup plus drôles que celles qui étaient publiées. Arrivé au troisième âge, il a pris des cours de création littéraire au centre communautaire local et a écrit un mémoire, que j’ai tapé à l’ordinateur et révisé. Même après avoir déménagé en ville, mes parents ont conservé leurs valeurs rurales : ils étaient de bons voisins et s’impliquaient beaucoup dans leur paroisse. Ils vivaient de façon modeste, mais ils savaient quand même s’amuser. Mon Dieu, ils auraient tout simplement adoré cette soirée. Ils nous ont appris, à moi et mon frère, à défendre ce qui est juste et à aider les gens dans le besoin. Ensemble, nous regardions le hockey, pas le théâtre, nous lisions les journaux et discutions de politique. Même s’ils étaient de la vieille école, mes parents étaient loin de vivre dans le passé. Ils étaient bien de leur temps et profondément politisés. . Mes parents m’ont appuyée dès le début, quand ma première pièce a été présentée à l’Edmonton Fringe. Ils sont arrivés, comme un cheveu sur la soupe, avec leur tente-roulotte. S’il y a vraiment de l’humanité, de la tendresse et de la compassion dans mes pièces, c’est grâce à ma famille, c’est parce que j’ai été élevée avec autant d’amour.

Mon mari, Bill, se trouve parmi nous ce soir. Bill, sans hésiter, répond toujours : « D’accord, je vais garder le fort » quand je lui dis que j’aimerais aller à Banff encore une fois, ou au récital de telle personne à Toronto, ou à quelque autre endroit loin de la maison. Ma fille Ana, qui a maintenant presque seize ans, est aussi des nôtres. Je suis si contente que tu sois ici ma jolie. Ton père et moi sommes si fiers de toi. Je sais que ce n’est pas toujours facile d’être laissée seule à la maison parce que sa mère est passionnée par son travail, mais sache que toi et ton père êtes tout pour moi et que ce prix amènera beaucoup de changement dans la vie de notre famille.

Je suis actuellement enseignante au département de création littéraire de l’UVIC, où je suis entourée de collègues formidables et d’étudiants extraordinaires qui débordent de talent. Cependant, depuis dix bonnes années, le temps que j’ai à consacrer à l’écriture ne cesse de diminuer. Le prix Siminovitch vient tout changer. Il me permettra de ne plus avoir à enseigner à temps plein. Quel cadeau généreux et parfait! Il me rappelle la raison pour laquelle je me suis mise à écrire : la joie ressentie à la création, sentiment qu’Elinore Siminovitch semblait connaître intimement. Je remercie une fois de plus le Dr Siminovitch et sa merveilleuse famille, ainsi que les fondateurs de ce prix. Le quotidien de ma famille est sur le point de changer. Ce prix me permettra de renouer avec une part importante de ma vie. Je vous promets que j’utiliserai cette récompense judicieusement. Merci!

Maintenant, en tant que récipiendaire de ce soir, je dois exercer ma fonction, une fonction admirable d’ailleurs, qui est de remettre 25 000 $ à une jeune artiste de théâtre exceptionnelle. Nous nous sommes rencontrées à la résidence d’automne pour dramaturges au Festival de Stratford. Nous venons de mondes très différents, mais en tant qu’écrivaines, nous avons néanmoins une foule de choses en commun. Cette jeune dramaturge écrit sur des sujets personnels aussi bien que politiques. Elle donne vie à des personnages jamais vus sur scène, tous très humains. Elle écrit en anglais, sa troisième langue, d’une façon extraordinaire, avec talent et beauté. C’est avec grand plaisir que je vous présente la charmante Anusree Roy.

2011 Protégée

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