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Marie Brassard

Lauréate, 2022

Image : Nom, Titre, Description

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2022 Lauréate

Actrice, autrice et metteuse en scène, Marie Brassard est une voix singulière dans le paysage théâtral contemporain. À la lisière entre art numérique et art vivant, elle soumet la matière artistique et humaine aux lois de la transformation. En ressortent des oeuvres d’une grande maturité érigées sur les versants de nos réalités virtuelles et rêvées. Travaillant en étroite collaboration avec des musiciens et des artistes visuels, elle créé des oeuvres de théâtre de facture surréelle qui révèlent sa virtuosité et son approche très novatrice de la mise en scène, où la vidéo, la lumière et le son occupent une place royale. Ses productions transportent le public là où les frontières entre privé et public s’estompent et où la relation entre les humains et la technologie devient intime. Ses spectacles ont été présentés et chaleureusement accueillis dans de nombreux pays des Amériques et d’Europe ainsi qu’au Japon et en Australie.

Discours d’acceptation

Bonsoir.

J’aimerais d’abord féliciter les autres nominés, Sherri Yoon, Ann-Marie Kerr et Ravi Jain. Vous avez toute mon admiration et mon respect.

Je veux également remercier chaleureusement les membres du jury, ainsi que l’artiste Laurence Dauphinais, qui a soumis ma candidature. Aussi, merci à ceux et celles qui l’ont appuyée, par des lettres dont la générosité et la profondeur ont véritablement touché mon cœur.

Je me trouve extrêmement chanceuse et privilégiée en ce moment même. Merci à ceux qui ont eu la vision de créer ce prix unique et généreux en l’honneur du scientifique Lou, et de la dramaturge Elinore Siminovitch, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont continué à le financer au fil des ans.

Ce couple incarne bien la relation entre l’art et la science, qui empruntent des chemins différents pour parcourir les mêmes territoires vastes et inexplorés de tout ce qu’on ne connait pas encore.

La curiosité qui anime les explorateurs de ces territoires vierges est une bénédiction. Ce sont ces êtres aventuriers qui osent nous faire regarder les choses sous un angle neuf, nous invitant par là à ré-imaginer le monde et ses systèmes, et à mettre en déséquilibre nos certitudes. C’est grâce à la rencontre de personnes semblables, j’ai été initiée à la littérature, puis, au théâtre.

C’est au début de ma vie que j’ai développé le goût des choses inédites. Enfant timide et adolescente engagée, je ne cherchais que l’aventure et les escapades dans les lieux où tout m’était inconnu. Rien ne me réjouissait davantage que la rencontre d’être excentriques. J’admirais ces personnes, je voulais être comme eux et comme elles. Ma mère Françoise était comme ça. Elle adorait les gens différents, les misfits, les situations inhabituelles, les fêtes, les actions flamboyantes. Elle a bien su me transmettre cet amour de tout ce qui est hors norme pendant les quelques années où je l’ai côtoyée. Elle est morte jeune. J’ai maintenant vécu plus longtemps qu’elle et d’une manière, je réalise ses rêves. C’est elle qui la première m’a nommée artiste. Elle l’a affirmé avant même que je ne comprenne moi-même que c’est ce que je suis.

Je ne suis spécialiste de rien, et j’aborde tout nouveau projet comme une débutante. J’essaie à chaque fois d’effacer sur le tableau le dessin précédent afin de laisser l’espace libre à une nouvelle image qui saurait m’étonner. Depuis toujours, les approches dogmatiques qui visent à uniformiser les pratiques, les définir et les réglementer me rebutent et m’effraient. Je n’aime pas les modes d’emploi, ni qu’on me dise quoi faire. Je veux croire que mon intuition est mon meilleur guide. J’aime le chaos, m’enfermer dans le silence puis me plonger dans le bruit, j’aime l’errance et l’étonnement, la paresse et l’état altéré que l’inaction prolongée provoque dans l’esprit, j’aime aussi la nature folle et déraisonnable du sprint final juste avant l’aboutissement des œuvres.

Tous ceux et celles qui pratiquent ce métier de la mise en scène le savent. Il faut beaucoup de temps, de solitude, de doutes et de peurs. De moments où on souhaiterait être ailleurs, à faire autre chose. Il faut beaucoup d’humour aussi.

C’est finalement dans l’échange avec les autres qu’il est véritablement possible de trouver du réconfort et de permettre aux embryons d’idées qui germent dans nos esprits de trouver leur forme en s’incarnant au dehors de nous. C’est de cette manière qu’on arrive à inventer des mondes et à créer des réalités qui rafraichissent le regard.

J’ai la chance inouïe d’être bien entourée d’une multitude d’artistes et de techniciens et techniciennes formidables, et aussi d’actrices d’exception qui contribuent à concrétiser ces visions. Ils et elles sont nombreuses. J’aimerais souligner spécialement les contributions du compositeur Alexander MacSween et du scénographe Antonin Sorel, qui depuis plusieurs années, mettent leur intelligence et leur art au service des projets que j’initie, via ma compagnie Infrarouge. Aussi souligner l’équipe formidable composée de Catherine Sasseville, Jacinthe St Pierre et Anne MacDougall qui me prêtent leurs talents d’organisatrices et d’administratrices. Sans elles, rien ne serait possible.

À ceux et celles qui commencent dans ce métier et qui se sentent seuls avec leurs désirs sans savoir comment les exprimer, qui portent en eux et en elles ce bouillonnement intérieur troublant. J’aimerais vous dire que le secret, c’est peut-être de s’abandonner à cela, pas de chercher à dompter cela. Le voyage, c’est l’œuvre. Le temps et la persistance sont nos alliés. Laissez le vent vous traverser, écoutez le souffle qui veut parler à travers nous. Refusez la conformité. Créez des mondes, inventez des réalités. Vous êtes les artistes et vous êtes uniques et chaque nouveau langage possible voit le jour en même temps que vous.

Pour terminer, j’aimerais vous présenter la personne que j’ai choisie pour partager ce prix, l’acteur et metteur en scène Philippe Boutin, qui a déjà quelques bonnes années d’expérience derrière lui. J’apprécie son travail complexe, intelligent, rempli d’humour et de poésie et le caractère rassembleur de ses productions, et je fais le souhait que son expression puisse se déployer avec toute l’ampleur qu’elle mérite.

2022 Protégé

Philippe Boutin

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