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Maiko Yamamoto et James Long

Lauréats, 2019

Image : Nom, Titre, Description

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2019 Lauréats

Depuis plus de 20 ans, Maiko Yamamoto et James Long créent du théâtre expérimental, interculturel et interdisciplinaire. Qu’ils travaillent ensemble ou séparément, ils ont recours à des processus de longue haleine pour créer des spectacles à partir de débuts intentionnellement simples, avec des collaborateurs nouveaux ou existant. Leur travail est une authentique recherche de coexistence. Des conversations, des entrevues et des discussions se confrontent à l’esthétique de Yamamoto et Long pour produire des expériences théâtrales authentiques, immédiates et pleines d’espoir.

Ils ont fondé Theatre Replacement en 2003. Le travail de cette compagnie a été présenté dans 43 villes et espaces partout dans le monde. En tant qu’artistes indépendants, ils ont monté, écrit, enseigné et créé des spectacles avec une grande variété de compagnies et d’institutions.

Tous deux sont diplômés du programme des Arts de théâtre contemporain de l’université Simon Fraser. Yamamoto détient une maîtrise en Arts visuels et appliqués de l’université Emily Carr, et Long détient une maîtrise en Études urbaines, également de l’université Simon Fraser.

Photo par Stephen Drover.

Discours d’acceptation

D’abord et avant tout, nous tenons à remercier du fond du cœur Lou et Kathy Siminovitch, la famille Siminovitch et ses amis, et le conseil d’administration du Prix Siminovitch d’avoir créé et maintenu cet incroyable prix qui rend hommage aux artistes de théâtre canadiens à un moment névralgique de leur carrière.

Nous sommes profondément honorés d’avoir remporté le prix cette année, et fiers d’avoir été mis en nomination avec des artistes que nous respectons et admirons profondément. Ravi, Christian et Christian : merci de nous inspirer et de nous faire réfléchir par votre travail.

Merci aux membres du jury — Vanessa, Marie, Émilie, Bobby et Adrienne — pour tous les efforts investis dans une décision qui a sans doute été très difficile à prendre, et aussi pour avoir ouvert la porte à la candidature d’un duo, une première dans l’histoire du Prix Siminovitch.

Nous souhaitons également exprimer nos plus sincères remerciements et notre admiration à notre collègue, Anita Rochon, à qui nous devons l’idée et la soumission de notre candidature commune. Merci à Cindy, Veda, Kris, Peter et Conor d’avoir écrit de si belles lettres pour nous.

Merci à notre équipe de Theatre Replacement et à tous ceux et celles qui en ont fait partie, d’hier à aujourd’hui. Enfin, notre gratitude éternelle à nos douces moitiés, Nicky et Kevin, qui nous appuient dans nos obsessions artistiques, malgré nos nombreux voyages et le fait que, comme collaborateurs, nous passons à peu près autant de temps ensemble qu’avec eux.

Merci. Thank you.

Nous nous tenons ici ensemble parce que, il y a plus de 20 ans, nous nous sommes donné le défi de créer des œuvres pour remplacer le genre de théâtre qui dominait à l’époque et dans lequel nous ne nous reconnaissions pas. Nous avons relevé ce défi en laissant nos expériences, perspectives, histoires, croyances et intérêts mutuels se mêler et s’entrechoquer dans nos processus de création. Ces chocs étaient exaltants, et nous nous sommes rapidement rendu compte qu’ils enrichissaient notre travail. C’est la clé qui nous a permis de nous offrir un soutien mutuel authentique dans nos vies et nos pratiques respectives, malgré toutes nos différences. Un homme et une femme. Une Canadienne d’origine japonaise et un spécimen hybride de WASP canadien. À ces différences s’en ajoutent d’autres, moins visibles, liées à la façon dont nous avons été élevés, à nos relations, à nos convictions politiques et à nos familles. Dans nos œuvres, celles que nous avons créées ensemble ou chacun de notre côté, ces complexités sont soulignées et célébrées de différentes façons dans le but de joindre le plus grand nombre de personnes possible et de refléter nos origines.

C’est un peu surréaliste d’être ici pour recevoir un prix de théâtre. Le grand prix de théâtre canadien, un prix qui émane du Centre du Canada, cette région qui, géographiquement et conceptuellement, semble assez loin de nous à Vancouver. Nous nous sommes toujours vus comme des marginaux, et le mot « théâtre » nous semble renvoyer à une chose détachée, lointaine ou confinée à la scène. Une chose qui suppose la suspension de l’incrédulité plutôt que sa remise en question. Une chose qui, sur le fond et la forme, privilégie certaines voix et méthodes. Des méthodes qui, une fois de plus, nous semblent à des années-lumière de notre univers.
Nous sommes le produit de notre milieu de vie, et même si ce n’est peut-être qu’un mythe tenace, Vancouver se voit et se comporte encore comme un lieu à part. Un creuset de nouveaux venus, de nomades et de fugitifs. Un endroit où de petites compagnies indépendantes créent dans un milieu dénué des institutions et des traditions du Centre du Canada. Certains iraient jusqu’à dire que nous travaillons dans l’anonymat, ce qui explique peut-être la force des liens de solidarité qui unissent notre communauté d’artistes et de compagnies, dans la réussite comme dans l’échec.

Les membres de cette communauté sont beaucoup trop nombreux pour que nous puissions tous les nommer. À toutes les compagnies du Progress Lab : chapeau bas.

À Norman Armour, Heather Redfern et Cory Philley : nous n’aurions jamais pu être ici sans votre soutien indéfectible et votre confiance en nos expérimentations. À bien des égards, nous ne sommes que deux jeunes de la classe ouvrière qui se lèvent chaque jour pour faire leur travail. C’est vous qui nous avez appris comment faire, et à ne jamais rien tenir pour acquis. Merci.

Enfin, à Ker Wells, parti beaucoup trop tôt, un de nos premiers mentors et metteurs en scène, qui a beaucoup contribué à nous mettre sur la voie expérimentale : tu nous manques beaucoup.

Nous croyons à l’expérimentation parce que, par essence, elle modifie les structures en place, que ce soit dans un processus, un studio ou un lieu public. Elle remet en question les manières d’être et de penser dominantes. Elle rompt avec la tradition. Elle permet de créer de nouvelles façons d’être ensemble et de nouer des liens. Ajoutez à cela une méthode de travail fondée sur une collaboration fructueuse et vous comprendrez pourquoi nos espaces de travail tiennent plus du laboratoire que de la salle de répétition.

Parce que nous avons choisi la collaboration, les choses qui nous différencient comme artistes et comme êtres humains — ces mêmes choses qui souvent divisent les gens — sont exactement ce qui nous galvanise et nous rapproche.

Parce que nous avons choisi la collaboration, j’avais un espace pour créer par moi-même et prendre conscience de la valeur de mon vécu. Les histoires que je voulais raconter n’étaient pas confinées à la marge. Elles ont gagné en force et en pertinence au contact de collaborateurs qui s’y investissaient autant que moi.

Parce que nous avons choisi la collaboration, j’ai pu participer à des conversations qui m’ont forcé à réfléchir aux privilèges associés à mes attributs physiques et à mon histoire. J’ai dû remettre en question mes perceptions forgées dans une petite ville de la vallée de l’Outaouais et prêter attention aux histoires et aux expériences de mes collègues.

La collaboration a toujours été notre force. Et même si c’est un cadeau qui favorise la productivité, ce n’est pas toujours facile. Il faut souvent se mordre la langue, essuyer des déceptions, donner plus qu’on ne reçoit ou se battre pour des choses que personne d’autre ne comprend. On peut se sentir comme un rabat-joie ou un héros. Il faut beaucoup de générosité. De courage. Et de temps.

Comme metteurs en scène, nous sommes définis par notre choix de bâtir une pratique commune fondée sur l’expérimentation et la collaboration entre nous et avec les artistes et les personnes que nous avons la chance de connaître. Ce choix nous a permis à maintes reprises de raconter, à notre tour, l’histoire de personnes qui prennent conscience de la valeur de leur vécu ou qui souhaitent participer à des conversations.

C’est donc à l’un et à l’autre que nous devons nos plus grands remerciements. Notre travail porte notre empreinte, mais nous portons aussi la sienne. Il a fait de nous les artistes, les personnes, les amis, les parents, les mentors et les metteurs en scène que nous sommes aujourd’hui.

Merci à toi, Maiko, pour ton honnêteté, ta patience et ta grande compassion.

Pour la gratitude que tu manifestes constamment dans ta vie et pour m’avoir appris à dire merci. Pour avoir montré qu’on pouvait accomplir autant par la bienveillance que par la provocation. Parce que tu es mon amie la plus proche et la plus compliquée.

Merci à toi, Jamie, de me pousser à m’améliorer et à m’endurcir, et à toujours viser le meilleur. Merci pour ton soutien inconditionnel et tes critiques brutalement honnêtes. Ton amitié est l’une des plus importantes de ma vie.

Ici présents aujourd’hui, nous espérons incarner le dévouement à un art et à une forme d’expression que nous avons mise au centre de nos vies. Nous incarnons aussi la somme de nos privilèges. Nous dirigeons une compagnie financée par les fonds publics, dans une ville que les artistes ont de moins en moins les moyens d’habiter. Nous le faisons sur fond de crise climatique, et sur le territoire non cédé des peuples salish de la côte.

Ces privilèges, qui ont assurément concouru à notre présence ici ce soir, s’accompagnent de la responsabilité de lancer et d’approfondir des dialogues ainsi que de nouvelles — ou à tout le moins meilleures — conversations sur nos histoires et formes potentielles d’avenir. Certaines de ces conversations seront faciles, rapides et immédiatement gratifiantes. D’autres seront extrêmement difficiles. Vous devrez peut-être vous mordre la langue et essuyer des déceptions. Dire des choses que personne d’autre ne veut entendre. Donner, voire rendre, plus que ce que vous recevez, mais nous ferons des progrès.

Notre travail traite d’une authentique tentative de coexister.

Nous avons écrit ces mots il y a plusieurs années et nous y revenons encore et encore comme à un manifeste, un principe directeur qui nous guide dans tout processus de création.

Ce prix aide à confirmer que nos efforts pour donner un sens à ces mots en ont valu la peine. Il nous incite à poursuivre ces efforts; à encourager nos nombreux collaborateurs, collègues et publics à faire de même; et, peut-être surtout, à soutenir la prochaine génération d’artistes et à la mettre au défi de pousser cette idée au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer.

Sur ce, en notre nom à tous les deux, de Vancouver, nous vous disons merci encore du fond du cœur — thank you so much — pour cet incroyable honneur.

C’est un honneur que nous sommes loin de prendre à la légère et qui nous remplit d’enthousiasme face à l’avenir.
En avant toutes!

Et maintenant, nous avons le plaisir de vous présenter notre protégé, un artiste dont le travail, tant dans les formes qu’il inaugure que dans le contenu qu’il propose, entraîne le théâtre canadien sur des territoires complètement nouveaux. Veuillez accueillir Conor Wylie.

2019 Protégé

Conor Wylie

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