Aller au contenu

Ravi Jain

Lauréat, 2025
Finaliste, 2016, 2019, 2022

Image : Nom, Titre, Description

01

Connecter

Biographie

Ravi Jain est un artiste de théâtre salué pour ses propositions théâtrales accessibles, mais audacieuses politiquement et philosophiquement, qui ont transformé le théâtre canadien. Metteur en scène visionnaire et polyvalent, producteur avisé et acteur inventif, il a pendant toute sa carrière réimaginé le théâtre, désireux de mieux rejoindre le public et les artistes.

Au sein de Why Not Theatre, monsieur Jain a contribué à plus de 40 collaborations, présentées sur tous les continents. Le travail de Ravi est constamment diffusé au fil des ans, au Canada et à l’international, notamment dans les plus grands festivals. Sa récente adaptation du Mahabharata, présentée en première au festival Shaw, a effectué une tournée jusqu’au Barbican Theatre, à Londres, et au Lincoln Centre, à New York. Mahabharata, premiered at the Shaw Festival and toured to sell out the Barbican Theatre in London, and the Lincoln Centre in New York.

Ravi a reçu le prix Pauline-McGibbon pour le metteur en scène émergent, en 2012, celui du John-Hirsch de la mise en scène, du Conseil des arts du Canada en 2016, et un prix Johanna-Metcalf des arts de la scène, en 2022. Il est diplômé de l’École Jacque Lecoq, en France.

Dernière mise à jour : octobre 2025.

2025 Protégée

Miriam Fernandes

Discours d’acceptation

Merci. Je veux tout d’abord célébrer Anne-Marie, Estelle et Adrienne. Merci pour votre travail incroyable, et je suis honoré de faire partie de cette cohorte.

J'ai imaginé trois fois dans ma vie ce que ce serait de me tenir ici et de prononcer ce discours—mais je n'ai jamais eu à l'écrire, auparavant. Cela a été étonnamment difficile. Les trois dernières fois, je savais exactement ce que je voulais dire. Et en ce moment, je ne le sais pas. Je suis quelqu'un qui n'a jamais manqué de mots, mais je suis…perdu. Je veux dire, écoutez, j'ai 45 ans maintenant, j'ai deux enfants et je viens de terminer l'un des projets les plus ambitieux de ma vie. 

En cherchant quoi dire, je n'arrêtais pas de penser à Elinore Siminovitch.  

Elinore était dramaturge, mais, malgré tous ses efforts, aucune de ses pièces n’a été produite. Sa voix n’a jamais résonné sur les scènes professionnelles au Canada. … En apprenant son parcours, j’avais ressenti une profonde colère. Elinore était une véritable artiste à qui l’on n’a pas laissé sa chance. Elle était une femme, elle était une féministe, et son genre et ses convictions n'étaient pas les bienvenus. Je me sentais révolté contre l'injustice de ce qu'elle avait vécu. C'est une colère qui brûle encore en moi, parce que ce qu'Elinore a vécu, c'est la même chose que j’ai vue mettre prématurément fin à la carrière de nombreux artistes quand on n’accorde pas à leur voix une place, du soutien ou de la visibilité. C'est une rage avec laquelle je me bats depuis des décennies – et qui, à plusieurs reprises, a failli me consumer entièrement.   

La colère était le feu, un carburant nécessaire pour que je fasse de la place à ma voix artistique - parce que dès mon premier jour ici au Canada, j'ai dû me battre pour me faire une place et démontrer ma valeur. En 2007, le paysage artistique canadien n'était pas si différent de celui qu’Elinore avait connu des décennies auparavant - il manquait d’imagination pour savoir quoi faire de moi.

J'ai créé Why Not Theatre parce que je voulais mettre au défi toutes les préconceptions que les gens avaient sur qui j’étais, sur mon identité, sur le type de travail que je réaliserais, la manière dont je le ferais et jusqu'où je pourrais aller. Et je voulais la même pour toutes les Elinores de ma génération. Je voulais démontrer qu'il y avait une autre façon de faire cette chose que nous appelons le théâtre, et je voulais qu'on soit curieux quant à ce qu’il pourrait être; si nous modifions QUI raconte l'histoire, et COMMENT nous racontons l’histoire - nous débloquons en fait le super pouvoir du théâtre; l'imagination.

Et la chose incroyable qui s'est produite quand j'ai commencé Why Not, c'est que je n'étais pas seul. Toute une communauté d'artistes venus des quatre coins de la ville, du pays et du monde ressentait la même colère et la même injustice, et voulait changer le système. Nous voulions tous une « anti-institution » - pour que les choses soient meilleures ; un meilleur art, de meilleurs processus, un meilleur soutien, un monde meilleur. Nous réussissions, nous échouions, nous étions intrépides et avons tracé de nouvelles voies. Nous gagnions des batailles, mais pas la guerre. Poussé par la rage, je démolissais sans cesse les barrages systémiques qui ne cessaient de se présenter. J'étais une grenade ; qui explosait. À répétition.

Mahabharata était un mastodonte né de ce feu rageur. En quelque sorte, il a été conçu comme un geste de défi envers toutes ces mêmes personnes qui ont bloqué Elinore ; celles qui ont cru que cette histoire et ces acteurs n’étaient pas dignes d'un public. Et quelque chose de curieux s'est passé au cours des 10 années qu’ont duré la création et la tournée de ce projet … J’ai pris place dans des théâtres obscurs avec des publics au Canada, en Australie, en Angleterre et aux États-Unis … et j’ai écouté les spectateurs réunis. Et ce message transmis par mes ancêtres depuis des millénaires ! Et cette histoire sur la guerre - et sur la colère, la cupidité et la vengeance… et son message de paix. 

Et du coup, je suis dérouté. Je m'assieds dans ma colère. Je médite sur la paix. 

Depuis des millénaires, nous, les humains, avons choisi la colère plutôt que la paix. 

Il se peut que cette colère ait servi de feu pour alimenter ma créativité pendant les deux dernières décennies, mais ses flammes sont indifférentes. C'est le même feu qui alimente le génocide, les ravages climatiques, les régimes autoritaires et toutes les choses qui déshumanisent ce monde - qui continuent de me mettre en rage. Ça me brise le cœur. 

Quand je réfléchis à la raison pour laquelle nous, les humains, racontons des histoires, je pense au fait que nous sommes la seule espèce à le faire. C'est notre imagination qui nous distingue des animaux. Quand je pense au rôle de l'artiste, je pense à ce que cela veut dire d'être humain. D’avoir de l’humanité. La paix est un acte spécifiquement humain. Choisir la paix, c'est réaffirmer notre humanité.

Il y a et il y aura toujours des forces qui chercheront à exploiter nos divisions. Le théâtre, de par sa nature, nous unit. Il nous oblige à considérer d’autres perspectives, d’autres expériences, et d’autres modes d’existence. Assis côte à côte, nous devenons voisins. Nous avons besoin de notre créativité collective pour imaginer le monde. Et si nous pouvons imaginer un autre monde, alors nous pouvons le créer. 

Le théâtre demeure essentiel à notre survie, agissant, tel que l’affirment certaines communautés autochtones, en tant que remède… Il guérit. Et cette guérison ne se limite pas aux édifices prestigieux dans lesquels le Canada a investi des sommes et infrastructures importantes. Elle se produit dans des petites communautés partout, où des gens disposant de ressources limitées parviennent, grâce à leur travail acharné, à guérir avec des histoires, de la musique, de la danse, de la peinture, de la photographie, de la poésie. 

L’artiste guérit les brûlures, réensemence le sol, éteint les flammes. 

L’artiste nettoie le désordre.

Lorsque vous rencontrez des artistes, soutenez-les.

Lorsque vous rencontrez des artistes, remerciez-les. 

Paix. 

02

03

Actualités Simi

Abonnez-vous dès aujourd'hui à l'infolettre électronique mensuelle:

> Soyez les premiers au courant des projets artistiques actuels de la communauté du Prix Siminovitch.

> Faites la connaissance des artistes émergents qui façonnent le futur du théâtre canadien.

> Soyez à l'affût des prochaines opportunités et appels de candidatures.

Restez à l'affût.