Tara Beagan

Tara Beagan

Lauréate, 2020

Image : Nom, Titre, Description

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2020 Lauréate

Tara Beagan est fière d’être Ntlaka’pamux et d’avoir des racines irlandaises paternelles. Avec Andy Moro, elle a fondé et dirige ARTICLE 11. Elle a assuré la direction artistique de Native Earth Performing Arts (NEPA) de février 2011 à décembre 2013; pendant cette période, la compagnie guidée par les valeurs traditionnelles a accueilli un aîné en résidence, et a déménagé au studio Aki, qu’elle a aussi nommé. Beagan a notamment effectué des résidences au Cahoots Theatre (Toronto), à NEPA (Toronto), au Centre national des Arts (Ottawa) et à la Berton House (Dawson City, Yn); elle est actuellement dramaturge en résidence au Prairie Theatre Exchange (Winnipeg). Des vingt-huit pièces qu’elle a écrites, sept ont été publiées et deux ont été citées pour un prix Dora (remporté une fois). Beagan a par ailleurs été finaliste au Concours du réseau des dramaturges albertains 2018, et sa pièce Honour Beat a remporté le prix de théâtre Gwen Pharis Ringwood 2020. Parmi les premières récentes de ses œuvres, notons Deer Woman en Aotearoa (Nouvelle-Zélande); Honour Beat au Theatre Calgary (en ouverture de sa saison 2018–2019); The Ministry of Grace au Belfry Theatre de Victoria; et Super dans le cadre de la série Plays2Perform@Home de Boca Del Lupo (Vancouver).

Discours d’acceptation

Humlt. Oki. Aniin. Tansi. Sago. Yaama. Kia Ora kou tou, toute la famille, partout dans le monde.

Ndijnakaaz Tara Beagan. Ma mère est Pauline Beagan (née Harry), de la réserve Coldwater.

Mon père, le grand et regretté Lou Beagan, a grandi sur le sol rouge d’Epekwitk.

En tant que métisse Ntlaka’pamux/irlandaise à la peau blanche élevée sur les terres des Pieds-Noirs, je me sentais membre d’une communauté riche et complexe, mais aussi à la périphérie, liée aux colonisateurs. J’ai donc observé et écouté.

Quand j’avais trois ans, ma sœur Rebecca m’enseignait chaque jour ce qu’elle apprenait à la maternelle. Elle est maintenant une professeure magnifique de cinquième année en français.

J’ai reçu mes premières félicitations à l’école en écrivant des phrases complètes, des mots appris de ma sœur.

Une leçon indélébile :

les mots sont puissants. Les mots servent à s’exprimer et peuvent donc changer le monde.

Humlt. J’ai rarement entendu parler Ntlaka’pamux à la maison plus jeune.

Quand ma mère était petite, elle a été enlevée et incarcérée pendant dix ans dans un pensionnat. On lui a volé son droit de parler sa langue maternelle.

Elle la comprend, oui, mais elle ne la maîtrise plus. Heureusement, comme maints survivants, elle s’est rapidement adaptée et épanouie et elle a transpose sa passion des histoires à l’anglais.

À cause de nos parents, nous avons grandi parmi les livres et avons appris à aimer les histoires.

Aniin. Tansi. Sago. J’ai grandi sans apprendre la langue maternelle de ma mère, mais à cause de mon travail au théâtre, j’ai reçu d’autres mots en cadeau.

Des mots d’artistes immensément doués qui maîtrisent leur langue.

Des mots qui m’aident à comprendre nos terres d’attache.

J’ai acquis ma souveraineté narrative à Tkaronto, le lieu de rassemblement.

Des amis autochtones de partout y habitent, des gens avec qui j’ai eu la chance de travailler à Native Earth Performing Arts. La 33e édition du festival Weesageechak se déroule en ligne en ce moment. Il est essentiel de connaître les conteurs de ce territoire. Je me réjouis de nous savoir en si grand nombre.

Humlt. Oki. Aniin. Tansi. Sago. Yaama. Kia Ora kou tou.

Miria George et Hone Kouka codirigent les Tawata Productions à Aotearoa.

Par leur brillant mahi et leur sincere engagement envers la korero artistique, ils ont créé un refuge pour les conteurs de ce territoire. Leur travail illumine notre people et cette lumière rayonne de la meilleure façon possible. Leur festival Kia Mau relie Aotearoa à l’Île de la Tortue et à tous nos cousins d’Australie. Yaama, Moogahlin, Yirra Yaakin, Ilbijerri, Hot Brown Honey.

Tous nos cousins, partout dans le monde. Nous créons nos propres refuges artistiques. L’accès aux ressources et aux plateformes nous est souvent refusé, à moins de créer les nôtres. Rares sont les alliés canadiens qui reconnaissent leur privilège et qui partagent leur place avec nous. C’est pourtant simple. Il suffit de reconnaître son privilège et de céder la place. Ça ne veut pas dire de disparaître, mais de se tenir côte à côte avec nous. Et notre présence renforce le lien qui vous unit à votre espace.

Oki Diana et Owen. Je suis heureuse que ma nièce et mon neveu me lient à cet endroit où j’ai bâti ma vie avec Andy Moro, l’être le plus généreux et aimant de tous. Mohkinstsis est un endroit merveilleux, et la communauté artistique des colonisateurs a du chemin à faire pour être à la hauteur de ce que les Niitsitapi ont offert. Certains d’entre vous travaillent déjà en ce sens, et nous le voyons.

Ma mère est chez elle en ce moment, à regarder un de ses enfants recevoir ce prestigieux prix. Son fils Patrick est à Amiskwaciwâskahikan, où il travaille à une première mondiale. Quand notre mère allait à l’école, peu après la déségrégation des cinémas à Kamloops, elle est allée voir un film avec ses amis pour la première fois. C’était un western, ce qui nous rappelled que le changement se fait graduellement.

Le monde réclame notre attention. Quand on prend soin de la terre, la terre prend soin de nous. Une façon d’y parvenir est d’écouter les Autochtones. Nous sommes là. Nous sommes nombreux. Merci pour votre écoute.

Gookschem xhoo.

J’ai le grand honneur, en tant que laureate du Prix Siminovitch 2020, de choisir une protégée. Cette jeune Kwe bourrée de talent cherche toujours à élargir ses compétences. Elle est animée par une passion pour sa communauté et cette voix unique qui est la sienne. Elle est humble, bonne et sage. Joelle Peters, je suis fière de faire équipe avec toi.

2020 Protégée

Joelle Peters

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Maiko Yamamoto et James Long

Maiko Yamamoto et James Long

Lauréats, 2019

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01

2019 Lauréats

Depuis plus de 20 ans, Maiko Yamamoto et James Long créent du théâtre expérimental, interculturel et interdisciplinaire. Qu’ils travaillent ensemble ou séparément, ils ont recours à des processus de longue haleine pour créer des spectacles à partir de débuts intentionnellement simples, avec des collaborateurs nouveaux ou existant. Leur travail est une authentique recherche de coexistence. Des conversations, des entrevues et des discussions se confrontent à l’esthétique de Yamamoto et Long pour produire des expériences théâtrales authentiques, immédiates et pleines d’espoir.

Ils ont fondé Theatre Replacement en 2003. Le travail de cette compagnie a été présenté dans 43 villes et espaces partout dans le monde. En tant qu’artistes indépendants, ils ont monté, écrit, enseigné et créé des spectacles avec une grande variété de compagnies et d’institutions.

Tous deux sont diplômés du programme des Arts de théâtre contemporain de l’université Simon Fraser. Yamamoto détient une maîtrise en Arts visuels et appliqués de l’université Emily Carr, et Long détient une maîtrise en Études urbaines, également de l’université Simon Fraser.

Photo par Stephen Drover.

Discours d’acceptation

D’abord et avant tout, nous tenons à remercier du fond du cœur Lou et Kathy Siminovitch, la famille Siminovitch et ses amis, et le conseil d’administration du Prix Siminovitch d’avoir créé et maintenu cet incroyable prix qui rend hommage aux artistes de théâtre canadiens à un moment névralgique de leur carrière.

Nous sommes profondément honorés d’avoir remporté le prix cette année, et fiers d’avoir été mis en nomination avec des artistes que nous respectons et admirons profondément. Ravi, Christian et Christian : merci de nous inspirer et de nous faire réfléchir par votre travail.

Merci aux membres du jury — Vanessa, Marie, Émilie, Bobby et Adrienne — pour tous les efforts investis dans une décision qui a sans doute été très difficile à prendre, et aussi pour avoir ouvert la porte à la candidature d’un duo, une première dans l’histoire du Prix Siminovitch.

Nous souhaitons également exprimer nos plus sincères remerciements et notre admiration à notre collègue, Anita Rochon, à qui nous devons l’idée et la soumission de notre candidature commune. Merci à Cindy, Veda, Kris, Peter et Conor d’avoir écrit de si belles lettres pour nous.

Merci à notre équipe de Theatre Replacement et à tous ceux et celles qui en ont fait partie, d’hier à aujourd’hui. Enfin, notre gratitude éternelle à nos douces moitiés, Nicky et Kevin, qui nous appuient dans nos obsessions artistiques, malgré nos nombreux voyages et le fait que, comme collaborateurs, nous passons à peu près autant de temps ensemble qu’avec eux.

Merci. Thank you.

Nous nous tenons ici ensemble parce que, il y a plus de 20 ans, nous nous sommes donné le défi de créer des œuvres pour remplacer le genre de théâtre qui dominait à l’époque et dans lequel nous ne nous reconnaissions pas. Nous avons relevé ce défi en laissant nos expériences, perspectives, histoires, croyances et intérêts mutuels se mêler et s’entrechoquer dans nos processus de création. Ces chocs étaient exaltants, et nous nous sommes rapidement rendu compte qu’ils enrichissaient notre travail. C’est la clé qui nous a permis de nous offrir un soutien mutuel authentique dans nos vies et nos pratiques respectives, malgré toutes nos différences. Un homme et une femme. Une Canadienne d’origine japonaise et un spécimen hybride de WASP canadien. À ces différences s’en ajoutent d’autres, moins visibles, liées à la façon dont nous avons été élevés, à nos relations, à nos convictions politiques et à nos familles. Dans nos œuvres, celles que nous avons créées ensemble ou chacun de notre côté, ces complexités sont soulignées et célébrées de différentes façons dans le but de joindre le plus grand nombre de personnes possible et de refléter nos origines.

C’est un peu surréaliste d’être ici pour recevoir un prix de théâtre. Le grand prix de théâtre canadien, un prix qui émane du Centre du Canada, cette région qui, géographiquement et conceptuellement, semble assez loin de nous à Vancouver. Nous nous sommes toujours vus comme des marginaux, et le mot « théâtre » nous semble renvoyer à une chose détachée, lointaine ou confinée à la scène. Une chose qui suppose la suspension de l’incrédulité plutôt que sa remise en question. Une chose qui, sur le fond et la forme, privilégie certaines voix et méthodes. Des méthodes qui, une fois de plus, nous semblent à des années-lumière de notre univers.
Nous sommes le produit de notre milieu de vie, et même si ce n’est peut-être qu’un mythe tenace, Vancouver se voit et se comporte encore comme un lieu à part. Un creuset de nouveaux venus, de nomades et de fugitifs. Un endroit où de petites compagnies indépendantes créent dans un milieu dénué des institutions et des traditions du Centre du Canada. Certains iraient jusqu’à dire que nous travaillons dans l’anonymat, ce qui explique peut-être la force des liens de solidarité qui unissent notre communauté d’artistes et de compagnies, dans la réussite comme dans l’échec.

Les membres de cette communauté sont beaucoup trop nombreux pour que nous puissions tous les nommer. À toutes les compagnies du Progress Lab : chapeau bas.

À Norman Armour, Heather Redfern et Cory Philley : nous n’aurions jamais pu être ici sans votre soutien indéfectible et votre confiance en nos expérimentations. À bien des égards, nous ne sommes que deux jeunes de la classe ouvrière qui se lèvent chaque jour pour faire leur travail. C’est vous qui nous avez appris comment faire, et à ne jamais rien tenir pour acquis. Merci.

Enfin, à Ker Wells, parti beaucoup trop tôt, un de nos premiers mentors et metteurs en scène, qui a beaucoup contribué à nous mettre sur la voie expérimentale : tu nous manques beaucoup.

Nous croyons à l’expérimentation parce que, par essence, elle modifie les structures en place, que ce soit dans un processus, un studio ou un lieu public. Elle remet en question les manières d’être et de penser dominantes. Elle rompt avec la tradition. Elle permet de créer de nouvelles façons d’être ensemble et de nouer des liens. Ajoutez à cela une méthode de travail fondée sur une collaboration fructueuse et vous comprendrez pourquoi nos espaces de travail tiennent plus du laboratoire que de la salle de répétition.

Parce que nous avons choisi la collaboration, les choses qui nous différencient comme artistes et comme êtres humains — ces mêmes choses qui souvent divisent les gens — sont exactement ce qui nous galvanise et nous rapproche.

Parce que nous avons choisi la collaboration, j’avais un espace pour créer par moi-même et prendre conscience de la valeur de mon vécu. Les histoires que je voulais raconter n’étaient pas confinées à la marge. Elles ont gagné en force et en pertinence au contact de collaborateurs qui s’y investissaient autant que moi.

Parce que nous avons choisi la collaboration, j’ai pu participer à des conversations qui m’ont forcé à réfléchir aux privilèges associés à mes attributs physiques et à mon histoire. J’ai dû remettre en question mes perceptions forgées dans une petite ville de la vallée de l’Outaouais et prêter attention aux histoires et aux expériences de mes collègues.

La collaboration a toujours été notre force. Et même si c’est un cadeau qui favorise la productivité, ce n’est pas toujours facile. Il faut souvent se mordre la langue, essuyer des déceptions, donner plus qu’on ne reçoit ou se battre pour des choses que personne d’autre ne comprend. On peut se sentir comme un rabat-joie ou un héros. Il faut beaucoup de générosité. De courage. Et de temps.

Comme metteurs en scène, nous sommes définis par notre choix de bâtir une pratique commune fondée sur l’expérimentation et la collaboration entre nous et avec les artistes et les personnes que nous avons la chance de connaître. Ce choix nous a permis à maintes reprises de raconter, à notre tour, l’histoire de personnes qui prennent conscience de la valeur de leur vécu ou qui souhaitent participer à des conversations.

C’est donc à l’un et à l’autre que nous devons nos plus grands remerciements. Notre travail porte notre empreinte, mais nous portons aussi la sienne. Il a fait de nous les artistes, les personnes, les amis, les parents, les mentors et les metteurs en scène que nous sommes aujourd’hui.

Merci à toi, Maiko, pour ton honnêteté, ta patience et ta grande compassion.

Pour la gratitude que tu manifestes constamment dans ta vie et pour m’avoir appris à dire merci. Pour avoir montré qu’on pouvait accomplir autant par la bienveillance que par la provocation. Parce que tu es mon amie la plus proche et la plus compliquée.

Merci à toi, Jamie, de me pousser à m’améliorer et à m’endurcir, et à toujours viser le meilleur. Merci pour ton soutien inconditionnel et tes critiques brutalement honnêtes. Ton amitié est l’une des plus importantes de ma vie.

Ici présents aujourd’hui, nous espérons incarner le dévouement à un art et à une forme d’expression que nous avons mise au centre de nos vies. Nous incarnons aussi la somme de nos privilèges. Nous dirigeons une compagnie financée par les fonds publics, dans une ville que les artistes ont de moins en moins les moyens d’habiter. Nous le faisons sur fond de crise climatique, et sur le territoire non cédé des peuples salish de la côte.

Ces privilèges, qui ont assurément concouru à notre présence ici ce soir, s’accompagnent de la responsabilité de lancer et d’approfondir des dialogues ainsi que de nouvelles — ou à tout le moins meilleures — conversations sur nos histoires et formes potentielles d’avenir. Certaines de ces conversations seront faciles, rapides et immédiatement gratifiantes. D’autres seront extrêmement difficiles. Vous devrez peut-être vous mordre la langue et essuyer des déceptions. Dire des choses que personne d’autre ne veut entendre. Donner, voire rendre, plus que ce que vous recevez, mais nous ferons des progrès.

Notre travail traite d’une authentique tentative de coexister.

Nous avons écrit ces mots il y a plusieurs années et nous y revenons encore et encore comme à un manifeste, un principe directeur qui nous guide dans tout processus de création.

Ce prix aide à confirmer que nos efforts pour donner un sens à ces mots en ont valu la peine. Il nous incite à poursuivre ces efforts; à encourager nos nombreux collaborateurs, collègues et publics à faire de même; et, peut-être surtout, à soutenir la prochaine génération d’artistes et à la mettre au défi de pousser cette idée au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer.

Sur ce, en notre nom à tous les deux, de Vancouver, nous vous disons merci encore du fond du cœur — thank you so much — pour cet incroyable honneur.

C’est un honneur que nous sommes loin de prendre à la légère et qui nous remplit d’enthousiasme face à l’avenir.
En avant toutes!

Et maintenant, nous avons le plaisir de vous présenter notre protégé, un artiste dont le travail, tant dans les formes qu’il inaugure que dans le contenu qu’il propose, entraîne le théâtre canadien sur des territoires complètement nouveaux. Veuillez accueillir Conor Wylie.

2019 Protégé

Conor Wylie

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Conor Wylie

Conor Wylie

Protégée, 2021

Image : Nom, Titre, Description

01

Metteur en scène, artiste, créateur et auteur, ce dernier fait aussi partie, avec Nancy Tam et Daniel O’Shea, du collectif A Wake of Vultures, dédié à la création interdisciplinaire. Actuellement artiste en résidence au Theatre Replacement, Wylie a récemment co-créé MINE, spectacle portant sur les relations mère-fils faisant appel en direct au jeu vidéo à construction libre Minecraft. Il a aussi œuvré à un opéra pour espace multimédia intitulé Visitors from Far Away to the State Machine et à un discours programmatique de motivation aux accents satiriques (eatingthegame), tous deux créés pour la compagnie d’arts interdisciplinaires Hong Kong Exile. Diplômé de l’École des arts contemporains de l’Université Simon Fraser et lauréat du prix du maire de la ville de Vancouver accordé à un artiste émergent en théâtre, Wylie se consacre actuellement à deux projets, GIRL RIDES BIKE, une course-poursuite à moto à travers une société où règne l’abondance, écrite à plusieurs mains et touchant à la science-fiction; et K BODY AND MIND, une prestation théâtrale minimaliste et éclatée qui cherche à séparer la dimension auditive de la dimension visuelle dans l’expérience théâtrale, créant ainsi un casse-tête pour le public, un peu comme le serait une pièce radiophonique se superposant à un film muet.

Discours d’acceptation

Merci beaucoup. Merci James et Maiko. Merci aussi à Elinore et Lou Siminovitch, et à toute l’équipe du Prix Siminovitch. Dans un métier où on ne nage pas toujours dans l’abondance, un tel débordement d’amour et de générosité est à la fois rare et précieux. Merci beaucoup.

C’est un honneur pour moi d’être ici aujourd’hui.

Souvent, je me sens accablé par le monde d’aujourd’hui. Nous semblons vivre à une époque très dangereuse, n’est-ce pas? Je suis anxieux de nature. Devant tant de terrifiantes possibilités d’avenir, mon réflexe est de fuir et de me cacher.

Dernièrement, je me suis trouvé un outil pour m’aider : quand j’ai une décision à prendre et que j’hésite, je demande à mon moi passé et à mon moi futur de m’aider.

Mon moi passé me conseille d’être reconnaissant, et je le suis. Merci à ma famille pour son amour et son soutien. Merci à ma mère, Mo, qui assiste à tous mes spectacles, au moins deux ou trois fois, à chaque arrêt de nos tournées. Merci à ma sœur Aleia, à Leo. À mon père, Mike.

Merci à mes professeurs de Simon Fraser et aux autres, qui m’ont donné très tôt le goût de la collaboration. Qui enseignent que les frontières entre la mise en scène, la dramaturgie, la scénographie et l’interprétation gagnent à être laissées ouvertes.

Merci aussi à tous les artistes qui ont croisé mon chemin et qui m’ont influencé, A Wake of Vultures, OOOO et les compagnies du Progress Lab, ainsi que tous mes amis à The Greenhouse, nos nouveaux bureaux.

Merci à Jasmine. Personne d’autre ne me connaît autant, dans toutes mes nuances et tous mes rêves.

Pour des raisons que je ne comprends pas totalement, une grande partie de mon travail actuel porte sur l’avenir. Seul ou avec d’autres, j’écris continuellement sur l’utopie. Sur des formes désirables d’avenir. Peut-être parce que c’est si difficile à imaginer en ce moment.

Je me souviens d’un cours d’anglais au secondaire, où la notion d’utopie était jugée dérisoire. Les auteurs sérieux écrivaient sur la dystopie. L’utopie était puérile. Un idéal impossible, disaient-ils, car le monde n’est pas homogène, et la coexistence de désirs contraires entraînera nécessairement des déceptions, et l’écroulement du monde parfait.

Or, les sociétés futures qui continuent de peupler mon — notre — travail ne sont ni parfaites ni monolithiques. Je les vois plus comme un réseau de petits cercles à la surface de la Terre. Chaque cercle héberge un groupe, une société distincte. Chaque cercle est hétérogène et accueille des gens aux valeurs, aux croyances et aux désirs très différents. Notre utopie est en fait un réseau de micro-utopies qui savent qu’elles doivent toutes, jusqu’à un certain point, collaborer entre elles.

Pour moi, James et Maiko sont au centre d’une utopie. Cette utopie englobe nos bureaux communs à The Greenhouse, dans le quartier de Vancouver-Est; le milieu des arts de la scène de Vancouver, du Canada et du reste du monde; East Van Panto, leurs chansons pop, leurs perruques rigolotes, leur socialisme assumé et les milliers de résidents de Vancouver-Est qu’ils réunissent chaque année. C’est déjà une utopie de taille moyenne!

Pas au sens classique du terme, bien sûr, mais les classiques ne m’intéressent pas. Cette utopie est portée par des milliers de personnes : des employés, des bénévoles, des collaborateurs, des organismes. À une intersection, un des centres d’où jaillit toute cette force, se tiennent Maiko et James, qui, forts de tous leurs points communs et leurs différences, sont convaincus qu’ils pourront en faire plus s’ils travaillent ensemble. Cette relation entre deux personnes est sans doute la plus fondamentale des utopies, et une des formes les plus puissantes.

Il y a quelques années, en Islande, James et Maiko se sont mis à me présenter comme si j’étais leur fils. Nous avons joué le jeu ensemble pendant quelques semaines, semant la confusion sur notre passage. Nous nous appelons encore maman, papa et fiston dans nos textos.

La blague a un fond de vérité. Depuis dix ans, mes parents d’adoption m’ont soutenu à travers les angoisses et le mal de vivre, le triomphe et le deuil. Mon père est décédé il y a sept ans, et depuis qu’il n’est plus là, les conseils et la présence de Jamie sont particulièrement importants pour moi. Ma mère biologique, ma vraie maman, sillonne la planète pour me voir en spectacle avec ma mère d’adoption, et les deux s’envoient des courriels entre elles, j’en suis ravi.

Ces moments de rencontre entre mon passé et mon présent — comme au service commémoratif de mon père, où mes amis ont pu faire connaissance avec ma famille déjantée et mieux comprendre d’où je viens, et où ma famille, à son tour, a pu rencontrer mes amis excentriques et mieux comprendre l’adulte que je suis auprès de mes pairs — ces moments où le passé et le présent entrent en communion, me rassurent et m’apaisent.

En terminant, j’aimerais lancer une invitation à l’avenir. Il ne semble pas très reluisant en ce moment, n’est-ce pas? En ce moment, mon moi futur a plutôt envie de fuir et de se cacher.

Mais voici tout de même ma promesse :

Devant la peur, au lieu de fermer la porte, je l’ouvrirai. Au lieu de fuir et de me cacher, je choisirai la solidarité. Devant la rareté, je choisirai le partage. Devant l’incertitude, je choisirai la confiance. S’il faut lutter, nous lutterons ensemble, puis nous guérirons ensemble. Je m’efforcerai de tisser aujourd’hui des liens et des relations qui valent la peine d’être interrogés, remis en question, brisés puis réparés et reconstruits demain. De la part de mon moi passé et de mon moi présent (ce qui comprend ma famille, mes amis, mes mentors) je dis à l’avenir : souviens-toi que l’union fait la force.

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Finaliste, 2012

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Finaliste, 2008

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Finaliste, 2003

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Finaliste, 2005

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Finaliste, 2003

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Finaliste, 2003, 2006

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Finaliste, 2004

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