Mishka Lavigne

Mishka Lavigne

Finaliste, 2023

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Biographie

Mishka Lavigne (elle) est autrice, scénariste et traductrice littéraire. Ses textes ont été produits et développés au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Australie, en Haïti et au Mexique.

Son texte Havre, créé à la Troupe du Jour (Saskatoon) a remporté le Prix du Gouverneur Général en 2019. Copeaux, produit par le Théâtre de Dehors (Ottawa), a remporté ce même prix en 2021 en plus du Prix Jacques-Poirier. Murs, produit en format balado par Transistor Médias, Créations In Vivo et le Théâtre populaire d’Acadie s’est attiré des honneurs en France, et sera porté à la scène en 2023.

Mishka écrit aussi en anglais. Son texte Albumen, produit par TACTICS en 2019 (Ottawa), est récipiendaire du QWF Playwriting Prize et on a récemment pu voir Shorelines (TACTICS) en 2023.

Autant vers le français que vers l’anglais, Mishka signe près d’une vingtaine de traductions de théâtre, de prose et de poésie.

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Marie Brassard

Marie Brassard

Lauréate, 2022

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2022 Lauréate

Actrice, autrice et metteuse en scène, Marie Brassard est une voix singulière dans le paysage théâtral contemporain. À la lisière entre art numérique et art vivant, elle soumet la matière artistique et humaine aux lois de la transformation. En ressortent des oeuvres d’une grande maturité érigées sur les versants de nos réalités virtuelles et rêvées. Travaillant en étroite collaboration avec des musiciens et des artistes visuels, elle créé des oeuvres de théâtre de facture surréelle qui révèlent sa virtuosité et son approche très novatrice de la mise en scène, où la vidéo, la lumière et le son occupent une place royale. Ses productions transportent le public là où les frontières entre privé et public s’estompent et où la relation entre les humains et la technologie devient intime. Ses spectacles ont été présentés et chaleureusement accueillis dans de nombreux pays des Amériques et d’Europe ainsi qu’au Japon et en Australie.

Discours d’acceptation

Bonsoir.

J’aimerais d’abord féliciter les autres nominés, Sherri Yoon, Ann-Marie Kerr et Ravi Jain. Vous avez toute mon admiration et mon respect.

Je veux également remercier chaleureusement les membres du jury, ainsi que l’artiste Laurence Dauphinais, qui a soumis ma candidature. Aussi, merci à ceux et celles qui l’ont appuyée, par des lettres dont la générosité et la profondeur ont véritablement touché mon cœur.

Je me trouve extrêmement chanceuse et privilégiée en ce moment même. Merci à ceux qui ont eu la vision de créer ce prix unique et généreux en l’honneur du scientifique Lou, et de la dramaturge Elinore Siminovitch, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont continué à le financer au fil des ans.

Ce couple incarne bien la relation entre l’art et la science, qui empruntent des chemins différents pour parcourir les mêmes territoires vastes et inexplorés de tout ce qu’on ne connait pas encore.

La curiosité qui anime les explorateurs de ces territoires vierges est une bénédiction. Ce sont ces êtres aventuriers qui osent nous faire regarder les choses sous un angle neuf, nous invitant par là à ré-imaginer le monde et ses systèmes, et à mettre en déséquilibre nos certitudes. C’est grâce à la rencontre de personnes semblables, j’ai été initiée à la littérature, puis, au théâtre.

C’est au début de ma vie que j’ai développé le goût des choses inédites. Enfant timide et adolescente engagée, je ne cherchais que l’aventure et les escapades dans les lieux où tout m’était inconnu. Rien ne me réjouissait davantage que la rencontre d’être excentriques. J’admirais ces personnes, je voulais être comme eux et comme elles. Ma mère Françoise était comme ça. Elle adorait les gens différents, les misfits, les situations inhabituelles, les fêtes, les actions flamboyantes. Elle a bien su me transmettre cet amour de tout ce qui est hors norme pendant les quelques années où je l’ai côtoyée. Elle est morte jeune. J’ai maintenant vécu plus longtemps qu’elle et d’une manière, je réalise ses rêves. C’est elle qui la première m’a nommée artiste. Elle l’a affirmé avant même que je ne comprenne moi-même que c’est ce que je suis.

Je ne suis spécialiste de rien, et j’aborde tout nouveau projet comme une débutante. J’essaie à chaque fois d’effacer sur le tableau le dessin précédent afin de laisser l’espace libre à une nouvelle image qui saurait m’étonner. Depuis toujours, les approches dogmatiques qui visent à uniformiser les pratiques, les définir et les réglementer me rebutent et m’effraient. Je n’aime pas les modes d’emploi, ni qu’on me dise quoi faire. Je veux croire que mon intuition est mon meilleur guide. J’aime le chaos, m’enfermer dans le silence puis me plonger dans le bruit, j’aime l’errance et l’étonnement, la paresse et l’état altéré que l’inaction prolongée provoque dans l’esprit, j’aime aussi la nature folle et déraisonnable du sprint final juste avant l’aboutissement des œuvres.

Tous ceux et celles qui pratiquent ce métier de la mise en scène le savent. Il faut beaucoup de temps, de solitude, de doutes et de peurs. De moments où on souhaiterait être ailleurs, à faire autre chose. Il faut beaucoup d’humour aussi.

C’est finalement dans l’échange avec les autres qu’il est véritablement possible de trouver du réconfort et de permettre aux embryons d’idées qui germent dans nos esprits de trouver leur forme en s’incarnant au dehors de nous. C’est de cette manière qu’on arrive à inventer des mondes et à créer des réalités qui rafraichissent le regard.

J’ai la chance inouïe d’être bien entourée d’une multitude d’artistes et de techniciens et techniciennes formidables, et aussi d’actrices d’exception qui contribuent à concrétiser ces visions. Ils et elles sont nombreuses. J’aimerais souligner spécialement les contributions du compositeur Alexander MacSween et du scénographe Antonin Sorel, qui depuis plusieurs années, mettent leur intelligence et leur art au service des projets que j’initie, via ma compagnie Infrarouge. Aussi souligner l’équipe formidable composée de Catherine Sasseville, Jacinthe St Pierre et Anne MacDougall qui me prêtent leurs talents d’organisatrices et d’administratrices. Sans elles, rien ne serait possible.

À ceux et celles qui commencent dans ce métier et qui se sentent seuls avec leurs désirs sans savoir comment les exprimer, qui portent en eux et en elles ce bouillonnement intérieur troublant. J’aimerais vous dire que le secret, c’est peut-être de s’abandonner à cela, pas de chercher à dompter cela. Le voyage, c’est l’œuvre. Le temps et la persistance sont nos alliés. Laissez le vent vous traverser, écoutez le souffle qui veut parler à travers nous. Refusez la conformité. Créez des mondes, inventez des réalités. Vous êtes les artistes et vous êtes uniques et chaque nouveau langage possible voit le jour en même temps que vous.

Pour terminer, j’aimerais vous présenter la personne que j’ai choisie pour partager ce prix, l’acteur et metteur en scène Philippe Boutin, qui a déjà quelques bonnes années d’expérience derrière lui. J’apprécie son travail complexe, intelligent, rempli d’humour et de poésie et le caractère rassembleur de ses productions, et je fais le souhait que son expression puisse se déployer avec toute l’ampleur qu’elle mérite.

2022 Protégé

Philippe Boutin

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James Lavoie

James Lavoie

Membre du Jury, 2021

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Biographie

James est un concepteur de décors et de costumes pour le théâtre, le cirque et d’autres événements en direct basé à Montréal. Il a conçu plus de 100 productions qui ont été vécues par des publics en direct dans plus de 20 pays sur 5 continents. James est actuellement l’artiste en résidence du programme de conception de décors et de costumes de l’École nationale de théâtre du Canada pour l’année universitaire 2021/22.

Collaborateur régulier du Cirque Du Soleil, James a conçu les costumes de leur spectacle permanent, JOYA à Riviera Maya, au Mexique, qui est joué en continu depuis 2014. En 2019, il a conçu les costumes de MESSI10, présenté en première à Barcelone avant de poursuivre sa tournée mondiale, et la même année, il a créé les costumes de ‘Twas the Night Before, présenté en première au Madison Square Gardens de New York. James a également travaillé avec les 7 Doigts de la Main pour concevoir les costumes de leur spectacle The Last Chapter aux Émirats arabes unis. Il a aussi régulièrement collaboré avec la compagnie de cirque chilienne Siete Comunicaciones pour concevoir les décors et les costumes de leur tournée sud-américaine de 2015 à 2018.

Au théâtre, le travail de James a été reconnu 6 fois par les Montreal Critics Circle Awards (MECCA) et les Montreal English theatre Awards (META) pour la meilleure conception de décors et/ou de costumes. Il a également reçu le Capital Critics Circle Award d’Ottawa pour la meilleure conception de décors et de costumes en 2014. Sa carrière a été marquée par sa contribution à la création de nombreuses nouvelles pièces canadiennes, notamment la conception des décors et des costumes de : Botticelli in the Fire et Sunday In Sodom de Jordan Tannahill à la Canadian Stage, la première en langue anglaise de Bliss d’Olivier Choinière au Buddies in Bad Times Theatre de Toronto, la première en langue anglaise de MOB de Catherine-Anne Toupin au Centaur Theatre, Instructions to Any Future Socialist Government de Michael Mackenzie et Bated Breath de Bryden McDonald également au Centaur Theatre, entre autres. Parmi ses autres productions théâtrales notables, citons la conception des décors et des costumes de Grease, produit par Juste Pour Rire à Montréal, la conception des décors et des costumes d’Innocence Lost au Centre national des arts du Canada et de Sherlock du Centre Segal, avec Jay Baruchel, et la tournée nord-américaine qui a suivi, avec David Arquette.

James est titulaire d’une maîtrise du Central Saint Martins College of Art and Design (Londres, Royaume-Uni) en Scénographie : conception et pratique de la performance.

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Gillian Gallow

Gillian Gallow

Lauréate, 2021

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2021 Lauréate

Gillian Gallow a conçu des designs pour près de quatre-vingt dix productions à travers le Canada, de nouvelles pièces à l’opéra, dans de petits théâtres indépendants ainsi que sur les plus grandes scènes au pays. Notons plus particulièremenr des costumes pour la première mondiale de Hadrian à la Canadian Opera Company en 2018 et pour Louis Riel en 2017. Elle a conçu décors et costumes au Shaw Festival pendant cinq saisons et elle a travaillé à quatre productions au Stratford Festival. On a pu aussi voir son travail à Soulpepper, Canadian Stage, au Royal Manitoba Theatre Centre, au Citadel, à Theatre Calgary, et au Centre national des arts, entre autres. Gillian est diplômée de l’université York et elle a été mise en nomination pour huit Dora Mavor Moore awards, dont elle a remporté quatre. À l’échelle du Canada, les designs de Gillian ont été mis en nomination pour des Evie Awards, Betty Awards, Sterling Awards, et Capital Critics’ Awards. En 2018 elle a reçu les Prix Virginia and Myrtle Cooper pour la conception de costumes.

Discours d’acceptation

Le pouvoir de la conception de décors et de costumes existe dans le silence. Ils sont un paysage hanté, chargé sur scène; la peau d’un personnage dans laquelle un acteur est venu s’insinuer. Le design est la narration visuelle qui s’adresse à l’esprit rationnel et au cœur irrationnel du public. Le langage subliminal capable d’évoquer l’émotion intense, et même de remettre en question nos préjugés culturels. Autant le design doit être osé, fort et porteur de message, autant les designers doivent créer avec courage, curiosité et un point de vue.

Mais quels sont les éléments qui font un grand design, qui propulsent une carrière, qui enrichissent une pratique artistique? Tout comme le côté éphémère du théâtre, ces réponses peuvent sembler intangibles. Mais quand je regarde le chemin qui m’a amenée à ce moment, les réponses deviennent évidentes.

Quand j’étais une petite assistante de vingt-cinq ans à Stratford, j’ai mentionné à Miles Potter que je n’avais pas décroché de contrat à Toronto parce que, me disait-on, je n’avais pas assez d’expérience. Il m’a immédiatement confié la conception des costumes pour une production qu’il dirigeait sur la scène principale du Grand Theatre à London. Alors que je n’étais qu’une designer émergente, Peter Hinton a pris une chance, et m’a engagée pour faire les décors et les costumes pour une adaptation de King Lear dont il faisait la mise en scène au Centre national des arts. Ce que Miles et Peter voyaient, c’était mon potentiel, et ils m’ont donné une chance qui était bien au-delà de mon expérience. Pour une jeune designer ces votes de confiance ont été, personnellement et artistiquement, transformateurs. La générosité d’esprit peut changer la vie d’un jeune artiste.

Ces relations sont essentielles pour bâtir les fondements de la trajectoire artistique. Le théâtre se crée dans la collaboration – et la confiance sacrée que nous construisons ensemble amène à la découverte, l’expérimentation et le risque. Les menuisiers, les peintres, les accessoiristes, les tailleurs, les perruquiers et la myriade d’artistes spécialisés qui amènent les idées du designer à être réalité, sont les collaborateurs non célébrés et rarement reconnus sur lesquels les designers se fient. Mes designs ne seraient rien sans leur art et leur excellence.

Mais plus important, l’art est enrichi par l’amour de ceux qui nous entourent. Mon père, un banquier, n’a jamais questionné mon choix de devenir artiste. Il s’est peut-être inquiété de ma capacité à joindre les deux bouts, mais il n’a jamais douté de ma capacité de persévérance. Ma mère m’emmenait enfant au théâtre, elle cousait les costumes que je dessinais à l’école secondaire, elle a veillé avec moi jusqu’aux petites heures à coudre une robe en Tyvek pour un spectacle pour lequel je n’étais pas payée. Mon compagnon de vie et collaborateur essentiel, Christopher Morris, me soutient pendant mes longues heures de travail, et il subit mes élucubrations lorsque je tente de résoudre le casse-tête d’un nouveau design. Ma fille de sept ans, Eileen, qui est pleine d’étonnements et de questionnements, me ramène à la magie et à la joie de notre monde. L’amour est une bénédiction. Et c’est grâce à l’amour et au soutien que les artistes se font et que l’expression artistique s’approfondit.

Je suis honorée d’être la Lauréate du Prix Siminovitch. D’avoir la chance, à mi-carrière, de pouvoir faire le point et de réfléchir à ce qui est important pour moi est un cadeau qui change ma vie et dont la valeur va bien au-delà de ce qui est monnayable. Ce Prix est un investissement en théâtre canadien, un art qui est éphémère. Je promets d’être à la hauteur de cette récompense, de toujours poursuivre l’intangible, d’épouser la trajectoire d’une idée, d’innover.

Je suis fière de me tenir aux côtés des autres finalistes – Linda Brunelle, Nancy Bryant et Michelle Ramsay, des designers qui ne cessent de mettre à l’épreuve les limites de leur art, le design. Elles m’inspirent. Je suis une meilleure conceptrice grâce à elles. Et je suis bouche bée devant Peter Hinton, qui m’a si gracieusement mise en nomination pour ce prix. Merci, Peter, pour une décennie de collaboration. Vous avez ouvert les horizons de ma pratique et conforté ma foi dans le pouvoir de transformation du théâtre dans la société.

J’ai eu l’honneur de choisir deux Protégés qui personnifient l’esprit de ce prix. Joshua Quinlan et Joyce Padua sont des concepteurs qui manifestent un potentiel incroyable. Les décors de Joshua sont vigoureux et élégants. Les costumes de Joyce sont aventureux et artistiques. Mais, par-dessus tout, leur ouverture, leur curiosité et leur esprit de collaboration en font les phares de demain dans notre industrie. À tous les metteurs en scène, directeurs artistiques, parrains et philanthropes : continuez de soutenir les designers émergents, ils en valent la peine.

J’aime et je suis également renversée par l’intensité de notre obsession à créer du théâtre, heure après heure, jour après jour alors que nous savons pertinemment que le fruit de notre labeur est voué à la disparition. L’absence de théâtre que nous venons de vivre m’a fait réaliser à quel point je chéris cette camaraderie. Je regarde en avant et je vois de la lumière, dans les collaborations à venir, les publics qui nous reviennent. Être designer en ce moment, où le monde se réveille, est un cadeau.

Merci pour cet honneur. Il n’a pas de prix pour moi.

2021 Protégés

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Stéphanie Jasmin

Stéphanie Jasmin

Lauréate, 2018

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2018 Lauréate

« Le Prix Siminovitch attribué à un designer est certainement l’une des rares reconnaissances canadiennes, et même internationales, accordées à des artisans qui œuvrent dans l’ombre, ceux qui conçoivent une part du rêve qui prendra forme sur une scène théâtrale. C’est avec humilité, joie et gratitude que je reçois cet honneur d’être nommée finaliste de ce prix prestigieux par le jury. Je considère cette “mise en lumière” comme un réel encouragement à continuer de creuser, d’explorer et d’approfondir ce métier de conceptrice d’images et d’espaces pour la scène. Cette nomination m’insuffle un incroyable élan comme artiste à poursuivre ma voie et ma recherche au sein d’un art vivant et collectif qui me passionne et qui se fonde sur la rencontre humaine. »

Codirectrice artistique d’UBU, Stéphanie Jasmin est diplômée en histoire de l’art de l’École du Louvre à Paris, avec une spécialité en art contemporain, et détient également un baccalauréat en réalisation cinématographique de l’Université Concordia à Montréal. À son arrivée à la compagnie en 2000, elle met à profit ses connaissances en arts visuels et sa maîtrise des langages de la vidéo et du cinéma pour contribuer à l’exploration des nouvelles technologies dans laquelle s’engage Denis Marleau. Elle signe la conception vidéo de plus d’une trentaine de spectacles d’UBU en concevant la scénographie pour plus de la moitié d’entre elles en plus d’être collaboratrice artistique ou de cosigner la mise en scène. Elle écrit et crée deux textes originaux pour la scène. Auteur d’un portrait du sculpteur Michel Goulet (Éd.Varia 2007) ainsi que de plusieurs textes spécialisés sur le théâtre, elle oeuvre aussi depuis 2005 comme dramaturge pour des chorégraphes québécoises. Elle anime régulièrement des ateliers de création à Montréal et en Europe.

Discours d’acceptation

Ce soir, je suis profondément honorée de recevoir le prix Siminovitch. Je le suis aussi d’avoir été nominée auprès de vous, Camellia, Alexander et Itai qui avez tous les trois un parcours si admirable.

Je suis très émue aussi car cela m’a pris quelques années avant de croire que j’avais ma place dans ce monde du théâtre. Venant plutôt d’un parcours en histoire de l’art et en cinéma, je n’ai pas eu de formation en art dramatique. Mais pourtant, si j’y repense bien, lorsque j’étais enfant, malgré ma timidité, j’ai eu envie de partager très tôt mes intuitions et mes désirs de création avec d’autres, par le biais du théâtre, justement. À l’école de mon village, à Neuville, j’inventais des histoires puis je distribuais les rôles et faisais répéter mes amis pendant la récréation, que je mettais en scène. Et ensemble nous les présentions devant les autres enfants de l’école, en plusieurs séances sur une petite estrade. C’était spontané, une impulsion, je ne sais pas d’où ça venait en moi, mais c’était clairement là. Mon enfance était nourrie de livres qu’il y avait partout dans la maison, car j’ai eu la chance d’avoir des parents extraordinaires qui m’ont toujours appris la curiosité des choses et du monde. Je lisais sans arrêt, voracement, un livre après l’autre. Je voyageais partout de cette façon, je me projetais dans des fictions, des pays étrangers, d’autres vies. Et je dessinais tout le temps aussi. Pour moi, les images et les mots ont toujours été reliés, indissociables, se nourrissant l’un et l’autre.

Mon premier choc devant une image est arrivé toute petite, face à des tableaux de l’église du village. De grands tableaux du XIXème siècle, du peintre Antoine Plamondon, disposés comme chaque séquence d’une histoire à raconter. Celui qui m’a fait la plus forte impression, représentait un ange terrassant un diable grimaçant et le menaçant d’une lance, dans un paysage rocheux indéfini. J’ai découvert plus tard que c’était une copie de Saint-Michel terrassant le démon, du peintre italien Raphaël. Ce tableau me terrifiait, il me hantait. Il déployait une puissance dramatique et une théâtralité étrange, les deux personnages qui la composaient étaient saisis sur l’instant, dans un mouvement, fixés dans une attitude opposée. C’était une fenêtre ouverte sur un fragment d’une histoire qui m’échappait.

Ma fascination pour cette fenêtre ouverte à d’autres réalités, qu’est l’œuvre d’art, m’a conduite plus tard à l’École du Louvre à Paris. Des années d’études durant lesquelles j’ai pu nourrir mon regard en rencontrant les œuvres dans leur matérialité et leur présence. Je m’imprégnais de celles-ci, j’observais leur construction, leur fonctionnement. Les musées composaient une ville parallèle pour moi, j’y allais quotidiennement, retournant voir un tableau, une sculpture, pour en dessiner ou photographier certains détails, comme des mains ou des touches de peintures devenant de mini toiles abstraites à l’intérieur de grands tableaux anciens. Ce temps précieux d’étude et de contemplation a été certainement une des expériences les plus marquantes de ma vie. Des moments de création intérieure, des moments où on ne fabrique rien concrètement mais qui construisent plein de choses en nous. Des années plus tard, je suis revenue avec ma fille Clara arpenter les allées du Louvre. Redécouvrant les œuvres de son point de vue d’enfant, je m’amusais à entendre ses commentaires sur les « vierges à l’enfant » avec leurs voiles bleues et leurs longs cheveux blonds : certaines ont l’air plus gentilles avec leur bébé, mais d’autres ne les regardant même pas ! C’était ce qui la concernait à trois ans …

Après cette période d’incubation à Paris, j’ai ressenti le désir de créer des images en allant étudier en cinéma. La fenêtre-tableau est devenue le cadre d’une image filmée à composer, une esthétique à créer, avec des acteurs et une durée dans le temps. Une image que je devais dès lors créer et construire avant de la regarder, et la monter avec plusieurs autres séquences, pour créer un langage fictionnel en soi. La section de cinéma « film production » faisait partie de la faculté des Beaux-arts à l’Université Concordia. Cette spécificité est très importante, car il s’agissait bien du cinéma, non pas comme partie prenante d’une industrie culturelle, mais bien d’une forme d’art d’abord à expérimenter et à explorer comme telle. En ce sens, je suis reconnaissante à Marielle Nitoslawska qui m’y a enseigné avec passion et qui fût un modèle pour moi de femme artiste, elle qui était directrice photo et réalisatrice. Puis le théâtre est arrivé dans ma vie ou plutôt est revenu. Il a réconcilié mon amour des mots et des images. Il est devenu pour moi comme un grand territoire de création où l’on peut tenter l’expérience de la présence réelle et concrète des corps, des lieux, des images et des mots en un seul temps. Un temps vécu intimement par la présence et la circulation des âmes et des corps, et des mots et des idées; un temps rassembleur, propice au regard et à l’écoute qui permet le passage de différents états, de la rêverie au bouleversement, de l’éblouissement au réveil ou au choc de la réflexion, de la pensée humaine. Une expérience qui peut appréhender tout à la fois, d’un seul regard. Mais un regard constamment en relation avec d’autres regards. Dans la salle comme sur la scène.

Nous ne sommes jamais seuls avec le théâtre. Nos premières intuitions artistiques, brutes, incomplètes et parfois improbables doivent se partager très tôt avec d’autres personnes, pour se mettre à nu au final devant les spectateurs. Cette rencontre avec le théâtre m’a ainsi plongée au cœur de la création, avec la nécessité du choisir, de prendre des décisions, d’aller au bout des idées et de les rendre réelles, tangibles. Le théâtre est un art brutal, on le dit souvent, car il est vrai que l’échéance, la date ultime de la première représentation le transforme parfois en sport extrême et créé le vertige. Mais c’est souvent dans cette tension qu’il puise sa force, il nous pousse à nous commettre et à exposer ce qui n’était qu’une vision imaginaire et à la confronter et à l’offrir aux autres sur le plateau.

Nous ne sommes jamais seuls dans un théâtre qui se fabrique. Que serait l’épanouissement de mon travail sans la complicité artistique profonde et féconde d’abord, qui me lie à Denis Marleau depuis presque vingt ans ? Quand je l’ai rencontré, il était déjà un artiste et metteur en scène reconnu de la scène québécoise et européenne. Sa curiosité et son amour des arts visuels, et des autres arts en général, comme parties prenante et naturelles de sa conception d’un théâtre d’art, m’ont permis avec mes influences et mes quelques savoirs qui venaient d’ailleurs, de me sentir tout de suite accueillie. Sa confiance m’a donné les premiers élans pour oser avancer et élaborer mes idées, directement, et de créer mes images sur le plateau. L’histoire de cette connivence d’esprit et de partage de création entre nous se déroule jusqu’à aujourd’hui, et lorsque je repense rétrospectivement à toutes ces expériences ensemble, je lui suis profondément reconnaissante de m’avoir donner l’opportunité de développer et élaborer mon propre travail artistique au sein d’une compagnie avec une pensée théâtrale qui s’élabore et s’approfondit d’une création à l’autre. J’en profite ainsi pour remercier la petite mais formidable équipe d’UBU, Lina, Gabrielle et Sylvain, qui rendent possibles mes rêves artistiques, ainsi que Jean-Michel Sivry qui en est le président mais aussi un ami et premier spectateur dont le regard sensible nous accompagne depuis tant d’années.

Au théâtre nous ne sommes jamais seuls. Je suis reconnaissante aussi à Pierre Laniel, qui m’appuie techniquement à chaque création avec sensibilité, ouverture et une grande inventivité qui me permet de réaliser mes conceptions vidéo, même les plus impossibles.

Quand je lis un texte, très vite des espaces se forment dans mon esprit et souvent, ces espaces sont si bien liés aux images qui en ressortent, qu’une conception scénographique s’impose d’elle-même. Images vidéo et scénographie sont ainsi composées ensemble. Je reviens donc au cadre premier, car pour moi la représentation théâtrale est aussi une image globale en soi, une représentation à voir, à lire et à ressentir comme l’est un tableau. Si les personnages et le texte sont au cœur de la représentation, ils sont aussi remués, définis, déterminés par un monde sensible qui les entoure et dans lequel ils évoluent. Il y a ainsi une esthétique à fonder, à créer, et elle me semble aussi essentielle que la prise de parole ne l’est.

Au théâtre nous ne sommes jamais seuls. Je tiens aussi à remercier le complice Stéphane Longpré, tout récemment nommé directeur du programme de scénographie à l’École nationale de théâtre, qui m’a si souvent assisté avec justesse et générosité dans nos réunions de création, peaufinant le dessin technique de mes décors jusqu’à leurs maquettes. Je voue également une profonde admiration pour Michel Goulet, grand plasticien et scénographe qui m’a beaucoup appris et fasciné par sa façon de s’engager dans les idées même du texte et ses multiples sens, inventant une forme scénique autonome et puissante en soi, comme une sculpture ou une installation.

Nous ne sommes jamais seuls au théâtre. Il y a aussi ceux qui accueillent nos idées, nos désirs et osent croire au projet que nous avons en tête avant même qu’il n’existe… Je suis ainsi reconnaissante à Ginette Noiseux, directrice de l’Espace GO, de m’avoir accordé sa confiance depuis presque dix ans. Son regard curieux, vif et bienveillant m’a encouragée et m’a permis entre autres, de concrétiser cette année sur scène mon texte Les Marguerite(s), qui synthétise d’une certaine façon mon travail sur l’image, car il est autant une écriture scénique que poétique ; la scénographie et l’image vidéo étant relié au sens même de l’histoire qui y est racontée.

Au théâtre nous ne sommes jamais seuls. Si notre rapport est direct, frontal et en temps présent avec le spectateur, nous avons besoin aussi d’intercesseurs, de médiateurs pour en relayer la trace, la mémoire, en synthétiser les enjeux, en prolonger la réflexion. Je tiens à remercier Marie-Christine Lesage, grande analyste au regard fin et à la pensée claire et brillante, qui permet la résonnance de notre pratique théâtrale auprès des étudiants et au sein de ses écrits, elle qui a notamment si bien fait parler mon travail dans son livre Paysages UBU.

Au théâtre, nous ne sommes jamais seuls. Et dans cet état du monde actuel qui polarise de plus en plus les gens avec des idées extrêmes qui fragmentent et isolent les consciences trop souvent dans la peur et la fermeture à l’autre ; ce lieu de rencontre, de rassemblement et de découverte qu’est le théâtre devient encore plus essentiel, précieux. Dans un monde où la certitude, l’opinion et la réaction immédiate sont trop valorisées, le théâtre permet les questions, la mise en doute, la distance critique, la recherche et la réflexion. La réflexion comme pensée mais aussi littéralement comme reflet, un reflet différé du monde pour le regarder autrement, le parler autrement, le rêver autrement. Oui, réflexion, car les artistes dans le fond n’inventent pas tant que ça, ils regardent et observent parfois juste un peu mieux, plus longtemps, plus attentivement les choses, les paysages, les humains et portent notre attention sur les plus petits détails que personne ne remarque comme sur les enjeux universels qui nous relient tous.

Ainsi je vois le théâtre comme un concentré du monde sans en être sa mimesis, je vois le théâtre comme une expérience de l’autre, de sa différence, de sa façon de voir, de penser et de dire. Je me sens comme une « passeuse » qui relaie la pensée et l’imaginaire d’un auteur avec ses ombres et ses lumières, celle qui accompagne le souffle des acteurs en inventant l’écrin qui pourra les porter. C’est à la fois un travail de création qui prend forme en soi venant de mes expériences intimes mais aussi qui me déplace, m’apprends sans cesse l’empathie, dans sa plus simple définition : la capacité de se mettre intuitivement à la place de son prochain, de ressentir la même chose que lui, de s’identifier à lui. Je reprends les mots de Baudelaire qui parlait de l’imagination comme l’art de « faire surgir les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances et les analogies ». C’est une « faculté de connaissance ». Nous apprenons toujours.

Et si nous ne serons jamais seuls au théâtre, la valeur, la pertinence et la force de ce prix Siminovitch est de rappeler que cet élan collectif d’une création théâtrale est d’abord constitué de l’unicité de la voix singulière de chaque artiste qui y participe. Et c’est comme artiste, toute seule ce soir devant vous, que je reçois avec reconnaissance cet éclairage sur mon travail comme un immense encouragement et une grande inspiration à le poursuivre, autant qu’à transmettre à mon tour aux autres qui commencent ce que j’ai appris et ce qui me passionne.

Merci de votre attention.

2018 Protégé

Max-Otto Fauteux

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Tara Beagan

Tara Beagan

Lauréate, 2020

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2020 Lauréate

Tara Beagan est fière d’être Ntlaka’pamux et d’avoir des racines irlandaises paternelles. Avec Andy Moro, elle a fondé et dirige ARTICLE 11. Elle a assuré la direction artistique de Native Earth Performing Arts (NEPA) de février 2011 à décembre 2013; pendant cette période, la compagnie guidée par les valeurs traditionnelles a accueilli un aîné en résidence, et a déménagé au studio Aki, qu’elle a aussi nommé. Beagan a notamment effectué des résidences au Cahoots Theatre (Toronto), à NEPA (Toronto), au Centre national des Arts (Ottawa) et à la Berton House (Dawson City, Yn); elle est actuellement dramaturge en résidence au Prairie Theatre Exchange (Winnipeg). Des vingt-huit pièces qu’elle a écrites, sept ont été publiées et deux ont été citées pour un prix Dora (remporté une fois). Beagan a par ailleurs été finaliste au Concours du réseau des dramaturges albertains 2018, et sa pièce Honour Beat a remporté le prix de théâtre Gwen Pharis Ringwood 2020. Parmi les premières récentes de ses œuvres, notons Deer Woman en Aotearoa (Nouvelle-Zélande); Honour Beat au Theatre Calgary (en ouverture de sa saison 2018–2019); The Ministry of Grace au Belfry Theatre de Victoria; et Super dans le cadre de la série Plays2Perform@Home de Boca Del Lupo (Vancouver).

Discours d’acceptation

Humlt. Oki. Aniin. Tansi. Sago. Yaama. Kia Ora kou tou, toute la famille, partout dans le monde.

Ndijnakaaz Tara Beagan. Ma mère est Pauline Beagan (née Harry), de la réserve Coldwater.

Mon père, le grand et regretté Lou Beagan, a grandi sur le sol rouge d’Epekwitk.

En tant que métisse Ntlaka’pamux/irlandaise à la peau blanche élevée sur les terres des Pieds-Noirs, je me sentais membre d’une communauté riche et complexe, mais aussi à la périphérie, liée aux colonisateurs. J’ai donc observé et écouté.

Quand j’avais trois ans, ma sœur Rebecca m’enseignait chaque jour ce qu’elle apprenait à la maternelle. Elle est maintenant une professeure magnifique de cinquième année en français.

J’ai reçu mes premières félicitations à l’école en écrivant des phrases complètes, des mots appris de ma sœur.

Une leçon indélébile :

les mots sont puissants. Les mots servent à s’exprimer et peuvent donc changer le monde.

Humlt. J’ai rarement entendu parler Ntlaka’pamux à la maison plus jeune.

Quand ma mère était petite, elle a été enlevée et incarcérée pendant dix ans dans un pensionnat. On lui a volé son droit de parler sa langue maternelle.

Elle la comprend, oui, mais elle ne la maîtrise plus. Heureusement, comme maints survivants, elle s’est rapidement adaptée et épanouie et elle a transpose sa passion des histoires à l’anglais.

À cause de nos parents, nous avons grandi parmi les livres et avons appris à aimer les histoires.

Aniin. Tansi. Sago. J’ai grandi sans apprendre la langue maternelle de ma mère, mais à cause de mon travail au théâtre, j’ai reçu d’autres mots en cadeau.

Des mots d’artistes immensément doués qui maîtrisent leur langue.

Des mots qui m’aident à comprendre nos terres d’attache.

J’ai acquis ma souveraineté narrative à Tkaronto, le lieu de rassemblement.

Des amis autochtones de partout y habitent, des gens avec qui j’ai eu la chance de travailler à Native Earth Performing Arts. La 33e édition du festival Weesageechak se déroule en ligne en ce moment. Il est essentiel de connaître les conteurs de ce territoire. Je me réjouis de nous savoir en si grand nombre.

Humlt. Oki. Aniin. Tansi. Sago. Yaama. Kia Ora kou tou.

Miria George et Hone Kouka codirigent les Tawata Productions à Aotearoa.

Par leur brillant mahi et leur sincere engagement envers la korero artistique, ils ont créé un refuge pour les conteurs de ce territoire. Leur travail illumine notre people et cette lumière rayonne de la meilleure façon possible. Leur festival Kia Mau relie Aotearoa à l’Île de la Tortue et à tous nos cousins d’Australie. Yaama, Moogahlin, Yirra Yaakin, Ilbijerri, Hot Brown Honey.

Tous nos cousins, partout dans le monde. Nous créons nos propres refuges artistiques. L’accès aux ressources et aux plateformes nous est souvent refusé, à moins de créer les nôtres. Rares sont les alliés canadiens qui reconnaissent leur privilège et qui partagent leur place avec nous. C’est pourtant simple. Il suffit de reconnaître son privilège et de céder la place. Ça ne veut pas dire de disparaître, mais de se tenir côte à côte avec nous. Et notre présence renforce le lien qui vous unit à votre espace.

Oki Diana et Owen. Je suis heureuse que ma nièce et mon neveu me lient à cet endroit où j’ai bâti ma vie avec Andy Moro, l’être le plus généreux et aimant de tous. Mohkinstsis est un endroit merveilleux, et la communauté artistique des colonisateurs a du chemin à faire pour être à la hauteur de ce que les Niitsitapi ont offert. Certains d’entre vous travaillent déjà en ce sens, et nous le voyons.

Ma mère est chez elle en ce moment, à regarder un de ses enfants recevoir ce prestigieux prix. Son fils Patrick est à Amiskwaciwâskahikan, où il travaille à une première mondiale. Quand notre mère allait à l’école, peu après la déségrégation des cinémas à Kamloops, elle est allée voir un film avec ses amis pour la première fois. C’était un western, ce qui nous rappelled que le changement se fait graduellement.

Le monde réclame notre attention. Quand on prend soin de la terre, la terre prend soin de nous. Une façon d’y parvenir est d’écouter les Autochtones. Nous sommes là. Nous sommes nombreux. Merci pour votre écoute.

Gookschem xhoo.

J’ai le grand honneur, en tant que laureate du Prix Siminovitch 2020, de choisir une protégée. Cette jeune Kwe bourrée de talent cherche toujours à élargir ses compétences. Elle est animée par une passion pour sa communauté et cette voix unique qui est la sienne. Elle est humble, bonne et sage. Joelle Peters, je suis fière de faire équipe avec toi.

2020 Protégée

Joelle Peters

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Maiko Yamamoto et James Long

Maiko Yamamoto et James Long

Lauréats, 2019

Image : Nom, Titre, Description

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2019 Lauréats

Depuis plus de 20 ans, Maiko Yamamoto et James Long créent du théâtre expérimental, interculturel et interdisciplinaire. Qu’ils travaillent ensemble ou séparément, ils ont recours à des processus de longue haleine pour créer des spectacles à partir de débuts intentionnellement simples, avec des collaborateurs nouveaux ou existant. Leur travail est une authentique recherche de coexistence. Des conversations, des entrevues et des discussions se confrontent à l’esthétique de Yamamoto et Long pour produire des expériences théâtrales authentiques, immédiates et pleines d’espoir.

Ils ont fondé Theatre Replacement en 2003. Le travail de cette compagnie a été présenté dans 43 villes et espaces partout dans le monde. En tant qu’artistes indépendants, ils ont monté, écrit, enseigné et créé des spectacles avec une grande variété de compagnies et d’institutions.

Tous deux sont diplômés du programme des Arts de théâtre contemporain de l’université Simon Fraser. Yamamoto détient une maîtrise en Arts visuels et appliqués de l’université Emily Carr, et Long détient une maîtrise en Études urbaines, également de l’université Simon Fraser.

Photo par Stephen Drover.

Discours d’acceptation

D’abord et avant tout, nous tenons à remercier du fond du cœur Lou et Kathy Siminovitch, la famille Siminovitch et ses amis, et le conseil d’administration du Prix Siminovitch d’avoir créé et maintenu cet incroyable prix qui rend hommage aux artistes de théâtre canadiens à un moment névralgique de leur carrière.

Nous sommes profondément honorés d’avoir remporté le prix cette année, et fiers d’avoir été mis en nomination avec des artistes que nous respectons et admirons profondément. Ravi, Christian et Christian : merci de nous inspirer et de nous faire réfléchir par votre travail.

Merci aux membres du jury — Vanessa, Marie, Émilie, Bobby et Adrienne — pour tous les efforts investis dans une décision qui a sans doute été très difficile à prendre, et aussi pour avoir ouvert la porte à la candidature d’un duo, une première dans l’histoire du Prix Siminovitch.

Nous souhaitons également exprimer nos plus sincères remerciements et notre admiration à notre collègue, Anita Rochon, à qui nous devons l’idée et la soumission de notre candidature commune. Merci à Cindy, Veda, Kris, Peter et Conor d’avoir écrit de si belles lettres pour nous.

Merci à notre équipe de Theatre Replacement et à tous ceux et celles qui en ont fait partie, d’hier à aujourd’hui. Enfin, notre gratitude éternelle à nos douces moitiés, Nicky et Kevin, qui nous appuient dans nos obsessions artistiques, malgré nos nombreux voyages et le fait que, comme collaborateurs, nous passons à peu près autant de temps ensemble qu’avec eux.

Merci. Thank you.

Nous nous tenons ici ensemble parce que, il y a plus de 20 ans, nous nous sommes donné le défi de créer des œuvres pour remplacer le genre de théâtre qui dominait à l’époque et dans lequel nous ne nous reconnaissions pas. Nous avons relevé ce défi en laissant nos expériences, perspectives, histoires, croyances et intérêts mutuels se mêler et s’entrechoquer dans nos processus de création. Ces chocs étaient exaltants, et nous nous sommes rapidement rendu compte qu’ils enrichissaient notre travail. C’est la clé qui nous a permis de nous offrir un soutien mutuel authentique dans nos vies et nos pratiques respectives, malgré toutes nos différences. Un homme et une femme. Une Canadienne d’origine japonaise et un spécimen hybride de WASP canadien. À ces différences s’en ajoutent d’autres, moins visibles, liées à la façon dont nous avons été élevés, à nos relations, à nos convictions politiques et à nos familles. Dans nos œuvres, celles que nous avons créées ensemble ou chacun de notre côté, ces complexités sont soulignées et célébrées de différentes façons dans le but de joindre le plus grand nombre de personnes possible et de refléter nos origines.

C’est un peu surréaliste d’être ici pour recevoir un prix de théâtre. Le grand prix de théâtre canadien, un prix qui émane du Centre du Canada, cette région qui, géographiquement et conceptuellement, semble assez loin de nous à Vancouver. Nous nous sommes toujours vus comme des marginaux, et le mot « théâtre » nous semble renvoyer à une chose détachée, lointaine ou confinée à la scène. Une chose qui suppose la suspension de l’incrédulité plutôt que sa remise en question. Une chose qui, sur le fond et la forme, privilégie certaines voix et méthodes. Des méthodes qui, une fois de plus, nous semblent à des années-lumière de notre univers.
Nous sommes le produit de notre milieu de vie, et même si ce n’est peut-être qu’un mythe tenace, Vancouver se voit et se comporte encore comme un lieu à part. Un creuset de nouveaux venus, de nomades et de fugitifs. Un endroit où de petites compagnies indépendantes créent dans un milieu dénué des institutions et des traditions du Centre du Canada. Certains iraient jusqu’à dire que nous travaillons dans l’anonymat, ce qui explique peut-être la force des liens de solidarité qui unissent notre communauté d’artistes et de compagnies, dans la réussite comme dans l’échec.

Les membres de cette communauté sont beaucoup trop nombreux pour que nous puissions tous les nommer. À toutes les compagnies du Progress Lab : chapeau bas.

À Norman Armour, Heather Redfern et Cory Philley : nous n’aurions jamais pu être ici sans votre soutien indéfectible et votre confiance en nos expérimentations. À bien des égards, nous ne sommes que deux jeunes de la classe ouvrière qui se lèvent chaque jour pour faire leur travail. C’est vous qui nous avez appris comment faire, et à ne jamais rien tenir pour acquis. Merci.

Enfin, à Ker Wells, parti beaucoup trop tôt, un de nos premiers mentors et metteurs en scène, qui a beaucoup contribué à nous mettre sur la voie expérimentale : tu nous manques beaucoup.

Nous croyons à l’expérimentation parce que, par essence, elle modifie les structures en place, que ce soit dans un processus, un studio ou un lieu public. Elle remet en question les manières d’être et de penser dominantes. Elle rompt avec la tradition. Elle permet de créer de nouvelles façons d’être ensemble et de nouer des liens. Ajoutez à cela une méthode de travail fondée sur une collaboration fructueuse et vous comprendrez pourquoi nos espaces de travail tiennent plus du laboratoire que de la salle de répétition.

Parce que nous avons choisi la collaboration, les choses qui nous différencient comme artistes et comme êtres humains — ces mêmes choses qui souvent divisent les gens — sont exactement ce qui nous galvanise et nous rapproche.

Parce que nous avons choisi la collaboration, j’avais un espace pour créer par moi-même et prendre conscience de la valeur de mon vécu. Les histoires que je voulais raconter n’étaient pas confinées à la marge. Elles ont gagné en force et en pertinence au contact de collaborateurs qui s’y investissaient autant que moi.

Parce que nous avons choisi la collaboration, j’ai pu participer à des conversations qui m’ont forcé à réfléchir aux privilèges associés à mes attributs physiques et à mon histoire. J’ai dû remettre en question mes perceptions forgées dans une petite ville de la vallée de l’Outaouais et prêter attention aux histoires et aux expériences de mes collègues.

La collaboration a toujours été notre force. Et même si c’est un cadeau qui favorise la productivité, ce n’est pas toujours facile. Il faut souvent se mordre la langue, essuyer des déceptions, donner plus qu’on ne reçoit ou se battre pour des choses que personne d’autre ne comprend. On peut se sentir comme un rabat-joie ou un héros. Il faut beaucoup de générosité. De courage. Et de temps.

Comme metteurs en scène, nous sommes définis par notre choix de bâtir une pratique commune fondée sur l’expérimentation et la collaboration entre nous et avec les artistes et les personnes que nous avons la chance de connaître. Ce choix nous a permis à maintes reprises de raconter, à notre tour, l’histoire de personnes qui prennent conscience de la valeur de leur vécu ou qui souhaitent participer à des conversations.

C’est donc à l’un et à l’autre que nous devons nos plus grands remerciements. Notre travail porte notre empreinte, mais nous portons aussi la sienne. Il a fait de nous les artistes, les personnes, les amis, les parents, les mentors et les metteurs en scène que nous sommes aujourd’hui.

Merci à toi, Maiko, pour ton honnêteté, ta patience et ta grande compassion.

Pour la gratitude que tu manifestes constamment dans ta vie et pour m’avoir appris à dire merci. Pour avoir montré qu’on pouvait accomplir autant par la bienveillance que par la provocation. Parce que tu es mon amie la plus proche et la plus compliquée.

Merci à toi, Jamie, de me pousser à m’améliorer et à m’endurcir, et à toujours viser le meilleur. Merci pour ton soutien inconditionnel et tes critiques brutalement honnêtes. Ton amitié est l’une des plus importantes de ma vie.

Ici présents aujourd’hui, nous espérons incarner le dévouement à un art et à une forme d’expression que nous avons mise au centre de nos vies. Nous incarnons aussi la somme de nos privilèges. Nous dirigeons une compagnie financée par les fonds publics, dans une ville que les artistes ont de moins en moins les moyens d’habiter. Nous le faisons sur fond de crise climatique, et sur le territoire non cédé des peuples salish de la côte.

Ces privilèges, qui ont assurément concouru à notre présence ici ce soir, s’accompagnent de la responsabilité de lancer et d’approfondir des dialogues ainsi que de nouvelles — ou à tout le moins meilleures — conversations sur nos histoires et formes potentielles d’avenir. Certaines de ces conversations seront faciles, rapides et immédiatement gratifiantes. D’autres seront extrêmement difficiles. Vous devrez peut-être vous mordre la langue et essuyer des déceptions. Dire des choses que personne d’autre ne veut entendre. Donner, voire rendre, plus que ce que vous recevez, mais nous ferons des progrès.

Notre travail traite d’une authentique tentative de coexister.

Nous avons écrit ces mots il y a plusieurs années et nous y revenons encore et encore comme à un manifeste, un principe directeur qui nous guide dans tout processus de création.

Ce prix aide à confirmer que nos efforts pour donner un sens à ces mots en ont valu la peine. Il nous incite à poursuivre ces efforts; à encourager nos nombreux collaborateurs, collègues et publics à faire de même; et, peut-être surtout, à soutenir la prochaine génération d’artistes et à la mettre au défi de pousser cette idée au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer.

Sur ce, en notre nom à tous les deux, de Vancouver, nous vous disons merci encore du fond du cœur — thank you so much — pour cet incroyable honneur.

C’est un honneur que nous sommes loin de prendre à la légère et qui nous remplit d’enthousiasme face à l’avenir.
En avant toutes!

Et maintenant, nous avons le plaisir de vous présenter notre protégé, un artiste dont le travail, tant dans les formes qu’il inaugure que dans le contenu qu’il propose, entraîne le théâtre canadien sur des territoires complètement nouveaux. Veuillez accueillir Conor Wylie.

2019 Protégé

Conor Wylie

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Conor Wylie

Conor Wylie

Protégée, 2021

Image : Nom, Titre, Description

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Metteur en scène, artiste, créateur et auteur, ce dernier fait aussi partie, avec Nancy Tam et Daniel O’Shea, du collectif A Wake of Vultures, dédié à la création interdisciplinaire. Actuellement artiste en résidence au Theatre Replacement, Wylie a récemment co-créé MINE, spectacle portant sur les relations mère-fils faisant appel en direct au jeu vidéo à construction libre Minecraft. Il a aussi œuvré à un opéra pour espace multimédia intitulé Visitors from Far Away to the State Machine et à un discours programmatique de motivation aux accents satiriques (eatingthegame), tous deux créés pour la compagnie d’arts interdisciplinaires Hong Kong Exile. Diplômé de l’École des arts contemporains de l’Université Simon Fraser et lauréat du prix du maire de la ville de Vancouver accordé à un artiste émergent en théâtre, Wylie se consacre actuellement à deux projets, GIRL RIDES BIKE, une course-poursuite à moto à travers une société où règne l’abondance, écrite à plusieurs mains et touchant à la science-fiction; et K BODY AND MIND, une prestation théâtrale minimaliste et éclatée qui cherche à séparer la dimension auditive de la dimension visuelle dans l’expérience théâtrale, créant ainsi un casse-tête pour le public, un peu comme le serait une pièce radiophonique se superposant à un film muet.

Discours d’acceptation

Merci beaucoup. Merci James et Maiko. Merci aussi à Elinore et Lou Siminovitch, et à toute l’équipe du Prix Siminovitch. Dans un métier où on ne nage pas toujours dans l’abondance, un tel débordement d’amour et de générosité est à la fois rare et précieux. Merci beaucoup.

C’est un honneur pour moi d’être ici aujourd’hui.

Souvent, je me sens accablé par le monde d’aujourd’hui. Nous semblons vivre à une époque très dangereuse, n’est-ce pas? Je suis anxieux de nature. Devant tant de terrifiantes possibilités d’avenir, mon réflexe est de fuir et de me cacher.

Dernièrement, je me suis trouvé un outil pour m’aider : quand j’ai une décision à prendre et que j’hésite, je demande à mon moi passé et à mon moi futur de m’aider.

Mon moi passé me conseille d’être reconnaissant, et je le suis. Merci à ma famille pour son amour et son soutien. Merci à ma mère, Mo, qui assiste à tous mes spectacles, au moins deux ou trois fois, à chaque arrêt de nos tournées. Merci à ma sœur Aleia, à Leo. À mon père, Mike.

Merci à mes professeurs de Simon Fraser et aux autres, qui m’ont donné très tôt le goût de la collaboration. Qui enseignent que les frontières entre la mise en scène, la dramaturgie, la scénographie et l’interprétation gagnent à être laissées ouvertes.

Merci aussi à tous les artistes qui ont croisé mon chemin et qui m’ont influencé, A Wake of Vultures, OOOO et les compagnies du Progress Lab, ainsi que tous mes amis à The Greenhouse, nos nouveaux bureaux.

Merci à Jasmine. Personne d’autre ne me connaît autant, dans toutes mes nuances et tous mes rêves.

Pour des raisons que je ne comprends pas totalement, une grande partie de mon travail actuel porte sur l’avenir. Seul ou avec d’autres, j’écris continuellement sur l’utopie. Sur des formes désirables d’avenir. Peut-être parce que c’est si difficile à imaginer en ce moment.

Je me souviens d’un cours d’anglais au secondaire, où la notion d’utopie était jugée dérisoire. Les auteurs sérieux écrivaient sur la dystopie. L’utopie était puérile. Un idéal impossible, disaient-ils, car le monde n’est pas homogène, et la coexistence de désirs contraires entraînera nécessairement des déceptions, et l’écroulement du monde parfait.

Or, les sociétés futures qui continuent de peupler mon — notre — travail ne sont ni parfaites ni monolithiques. Je les vois plus comme un réseau de petits cercles à la surface de la Terre. Chaque cercle héberge un groupe, une société distincte. Chaque cercle est hétérogène et accueille des gens aux valeurs, aux croyances et aux désirs très différents. Notre utopie est en fait un réseau de micro-utopies qui savent qu’elles doivent toutes, jusqu’à un certain point, collaborer entre elles.

Pour moi, James et Maiko sont au centre d’une utopie. Cette utopie englobe nos bureaux communs à The Greenhouse, dans le quartier de Vancouver-Est; le milieu des arts de la scène de Vancouver, du Canada et du reste du monde; East Van Panto, leurs chansons pop, leurs perruques rigolotes, leur socialisme assumé et les milliers de résidents de Vancouver-Est qu’ils réunissent chaque année. C’est déjà une utopie de taille moyenne!

Pas au sens classique du terme, bien sûr, mais les classiques ne m’intéressent pas. Cette utopie est portée par des milliers de personnes : des employés, des bénévoles, des collaborateurs, des organismes. À une intersection, un des centres d’où jaillit toute cette force, se tiennent Maiko et James, qui, forts de tous leurs points communs et leurs différences, sont convaincus qu’ils pourront en faire plus s’ils travaillent ensemble. Cette relation entre deux personnes est sans doute la plus fondamentale des utopies, et une des formes les plus puissantes.

Il y a quelques années, en Islande, James et Maiko se sont mis à me présenter comme si j’étais leur fils. Nous avons joué le jeu ensemble pendant quelques semaines, semant la confusion sur notre passage. Nous nous appelons encore maman, papa et fiston dans nos textos.

La blague a un fond de vérité. Depuis dix ans, mes parents d’adoption m’ont soutenu à travers les angoisses et le mal de vivre, le triomphe et le deuil. Mon père est décédé il y a sept ans, et depuis qu’il n’est plus là, les conseils et la présence de Jamie sont particulièrement importants pour moi. Ma mère biologique, ma vraie maman, sillonne la planète pour me voir en spectacle avec ma mère d’adoption, et les deux s’envoient des courriels entre elles, j’en suis ravi.

Ces moments de rencontre entre mon passé et mon présent — comme au service commémoratif de mon père, où mes amis ont pu faire connaissance avec ma famille déjantée et mieux comprendre d’où je viens, et où ma famille, à son tour, a pu rencontrer mes amis excentriques et mieux comprendre l’adulte que je suis auprès de mes pairs — ces moments où le passé et le présent entrent en communion, me rassurent et m’apaisent.

En terminant, j’aimerais lancer une invitation à l’avenir. Il ne semble pas très reluisant en ce moment, n’est-ce pas? En ce moment, mon moi futur a plutôt envie de fuir et de se cacher.

Mais voici tout de même ma promesse :

Devant la peur, au lieu de fermer la porte, je l’ouvrirai. Au lieu de fuir et de me cacher, je choisirai la solidarité. Devant la rareté, je choisirai le partage. Devant l’incertitude, je choisirai la confiance. S’il faut lutter, nous lutterons ensemble, puis nous guérirons ensemble. Je m’efforcerai de tisser aujourd’hui des liens et des relations qui valent la peine d’être interrogés, remis en question, brisés puis réparés et reconstruits demain. De la part de mon moi passé et de mon moi présent (ce qui comprend ma famille, mes amis, mes mentors) je dis à l’avenir : souviens-toi que l’union fait la force.

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Alan Brodie

Alan Brodie

Finaliste, 2012

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Alisa Palmer

High-resolution portrait of Alisa Palmer, 2024 Siminovitch Prize finalist in theatre direction

Alisa Palmer

Finaliste, 2004, 2007, 2010

Image : Nom, Titre, Description

01

Biographie

Un metteur en scène, dramaturge et producteur de théâtre primé à l’échelle internationale, formé à l’étranger.
Avec une carrière de plus de 25 ans, le travail d’Alisa traverse les genres, y compris les classiques.
des pièces contemporaines, des projets de création, des comédies musicales et des opéras. Le travail d’Alisa se distingue par
des performances saisissantes, une utilisation audacieuse de la musique, des visuels percutants et un engagement passionné envers
body politic.

Les productions d’Alisa ont été saluées dans des théâtres partout au Canada, notamment la récente
tournée nationale de l’adaptation en deux parties, acclamée par la critique, de Fall on Your Knees. Elle a passé
huit saisons au Festival Shaw et trois saisons au Festival de Stratford dédié à Shakespeare.
où elle a dirigé la première mondiale de Hamlet-911 d’Ann-Marie MacDonald. Elle est la
ancienne directrice artistique de Nightwood Theatre, où elle a commandé et produit des œuvres marquantes
telles que Harlem Duet de Djanet Sears et Smudge d’Alex Bulmer, la première au Canada
pièce professionnelle écrite par une dramaturge malvoyante. Alisa a également été metteure en scène résidente pour le
la première mondiale de The Lord of the Rings pour Mirvish Entertainment.

Grande défenseure de la communauté théâtrale canadienne, Alisa a siégé au conseil des arts de Toronto
Council, au Conseil des arts du Canada, au Conseil des arts de l’Ontario et au Conseil des arts de Montréal.
et au comité directeur du Sommet canadien des arts, qu’elle a présidé à partir de
2020 à 2022. Alisa a récemment terminé un mandat de onze ans en tant que première directrice artistique exécutive
du secteur anglais de l’École nationale de théâtre du Canada, la seule école artistique au Canada
school training in both official languages. Alisa is founder and Artistic Producer of Vita Brevis
Arts, a company committed to the development of urgent and ambitious theatre projects.

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Daniel Denis

Daniel Denis

Finaliste, 2008

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Andrea Lundy

Andrea Lundy

Finaliste, 2003

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